Trudeau débranché du Québec

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L'évidence s'impose





Si l’on était un disciple de Freud, on pourrait être tenté de croire que Justin Trudeau se distancie peu à peu de son père québécois pour adhérer à la culture anglo-canadienne de sa mère adorée, une femme courageuse que la vie n’a pas épargnée.


Pierre Elliott Trudeau avait contribué à créer le «French power» à Ottawa en imposant le bilinguisme officiel, ce que de nombreux Canadiens ne lui avaient jamais pardonné. Dans les cabinets qu’il a dirigés et au sein de son entourage se retrouvaient des hommes et des femmes exceptionnels issus du Québec et qui en menaient large à Ottawa. Autrement dit, le «French power» a été au cœur de la politique de Trudeau père.


Les Gérard Pelletier, Marc Lalonde, Monique Bégin, Jeanne Sauvé et tant d’autres ont tous contribué à la construction du Canada progressiste. Et tout Québécois qu’ils fussent, ils avaient incarné une certaine idée du Canada.


Manque de sensibilité


Le Canada de Justin Trudeau est un autre pays que celui rêvé par son père. Le premier ministre, bien que député du Québec, semble insensible, voire irrité par les demandes, bien humbles et molles, du Québec de Philippe Couillard, le mondialiste culturel. Le plus prestigieux ministre du Québec dans son gouvernement vient d’être remercié, au final pour cause d’incompatibilité avec le futur président Trump. Il faut préciser que la décision de Justin Trudeau est politiquement justifiable. Mais le maillon fort des ministres québécois en matière d’expérience, de capacités politiques et de vision sociale n’a pas été remplacé.


Si Trudeau le jeune s’identifiait un tant soit peu à la culture québécoise, il ne tolérerait pas que 75 % des ministres de son gouvernement soient unilingues anglais et que quelques autres aient peine à faire des phrases complètes en français. D’ailleurs, il corrigerait lui-même son français si contaminé par l’anglais qu’il devient parfois incompréhensible.


Son irritabilité excessive dès qu’il est confronté à des revendications du gouvernement Couillard au nom des intérêts spécifiques du Québec est surprenante dans le cas d’un premier ministre, lui-même député du Québec. Conforté par son plus proche conseiller et ami Gerald Butts, un garçon brillant, mais allergique à tout ce qui touche de près ou de loin le Québec, Justin Trudeau, le multiculturaliste radical exècre le nationalisme de l’affirmation québécoise.


Relativisme culturel


Car c’est au Québec seulement que l’on retrouve une résistance intellec­tuelle, politique, structurée et forte au multiculturalisme, dont on observe les conséquences. En effet, c’est la version 21e siècle du progrès social dont les assises­­ reposent sur l’individualisme et le relativisme culturel.


C’est également une idéologie hypocrite parce qu’elle se drape dans la rectitude politique qui est moins au service de la vertu que du déni des réalités collectives. Il n’y a plus de consensus minimal dans une société où le moi efface le nous.


Mais on ne peut pas se leurrer. Justin Trudeau a gagné son pari. Il est parvenu à son objectif par la séduction et par le choix judicieux des minorités qu’il appuie­­ et qu’il n’a de cesse de flatter et d’encenser à travers le pays.


Avec Justin Trudeau, exit le «French power». Le multiculturalisme est plus rentable électoralement auprès des minorités culturelles. Regardons la composition de son cabinet. C’est le nouveau Canada. Adieu la société distincte.


Aux yeux du premier ministre, seuls les modernes multiculturels mènent aux voies ensoleillées de l’avenir.




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