Victoire historique pour les nationalistes écossais

Majoritaires au Parlement d'Édimbourg, ils promettent un référendum sur l'indépendance.

Écosse et indépendance




Alex Salmond,le chef du Scottish National Party,est venu assister vendredi au décompte des votes à Aberdeen, en Écosse. Crédits photo : DAVID MOIR/REUTERS

Majoritaires au Parlement d'Édimbourg, ils promettent un référendum sur l'indépendance.

Le parti indépendantiste écossais a provoqué une énorme surprise en remportant vendredi la majorité absolue des élus au Parlement d'Édimbourg. Fort de ce succès, obtenu aux dépens des trois grandes formations politiques traditionnelles, conservateurs, travaillistes et libéraux-démocrates, le leader du Scottish National Party (SNP) Alex Salmond a promis un référendum sur l'indépendance de l'Écosse d'ici à cinq ans. L'idée que tout le nord du pays puisse envisager de quitter le Royaume-Uni a provoqué des réactions inquiètes à Londres, et a totalement éclipsé les résultats du référendum national sur la réforme du scrutin.
Lors des dernières élections en 2007, les indépendantistes avaient obtenu un député de plus que le Labour, ce qui leur avait suffi pour former un gouvernement minoritaire, sans arriver à monter une coalition. Alex Salmond a dû faire de nombreux compromis avec les autres partis pour faire passer des lois sur les sujets qui sont dévolus au Parlement d'Édimbourg, éducation, santé, agriculture et justice, mais il a en même temps prouvé que son parti était sérieux et capable de gérer les affaires du pays. Il savait en revanche qu'il n'arriverait jamais à faire passer sa principale promesse électorale : demander aux Écossais s'ils veulent se séparer de la Couronne britannique.
La majorité surprise de 69 députés sur un total de 129 qu'il a remportée vendredi change la donne, même si l'issue finale d'un référendum reste très incertaine. «La majorité obtenue par le SNP ne veut pour autant pas dire que les Écossais veulent l'indépendance, a prévenu Tony Travers, professeur de sciences politiques à la London School of Economics. Tous les sondages récents montrent que seulement un quart des Écossais veulent la sortie du Royaume-Uni, les trois quarts restants sont contre ou encore indécis. Le parti d'Alex Salmond, qui est l'un des politiciens les plus brillants en ce moment en Grande-Bretagne, a surtout été élu pour son programme et son bilan sur ces dernières années au pouvoir.»
Revenus pétroliers en baisse
Le succès du parti nationaliste est d'autant plus surprenant que le climat économique en Écosse est bien moins favorable que par le passé à l'idée d'une économie régionale isolée du reste du Royaume-Uni. L'ancien fleuron bancaire d'Édimbourg, Royal Bank of Scotland, a été la principale victime de la crise financière et les revenus pétroliers de la mer du Nord se tarissent en même temps que l'arrivée en fin de vie de la majorité des puits.
C'est probablement pour ces raisons que la campagne du SNP a d'ailleurs été très discrète sur la question de l'indépendance, se concentrant sur les points de programme précis que le parti voulait mettre en place sur l'éducation et la santé. Son principal concurrent, le Parti travailliste, a perdu un grand nombre de sièges dans ses bastions traditionnels de l'ouest de l'Écosse après avoir mené une campagne très négative, tentant d'effrayer les électeurs en agitant le risque de sortie du Royaume-Uni s'ils votaient SNP. Après cet échec cuisant, le leader travailliste écossais Ian Gray a annoncé qu'il allait démissionner.
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Par Cyrille Vanlerberghe
_ Correspondant à Londres, Le Figaro


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