La cohabitation des indépendantistes et des péquistes - fin

On ne peut s’unir à une organisation qui, pour des raisons de divergence politique, ne veut pas de vous.

Chronique de Gilles Verrier


Mettant en parallèle la tribune de Richard Le Hir et de Robert Comeau, on ne peut que tomber d’accord sur le fait que les déboires du PQ ne peuvent être attribués seulement à Pauline Marois.
Pierre Bourgault a été le principal artisan d’une vision de l’unité qui a fait long feu. On ne peut s’unir à une organisation qui, pour des raisons de divergence politique, ne veut pas de vous. La cohabitation des indépendantistes et des péquistes, ce coup de force, aura neutralisé politiquement Pierre Bourgault, le confinant à jouer un rôle à la marge pour finir tristement à titre de commentateur de Radio-Canada alors qu’il soulevait jadis les foules en faveur de l’indépendance. Son sort est typique du sort des indépendantistes.
Encore aujourd’hui, cette vision idyllique de l’unité prive les indépendantistes d’une influence politique qui reste très en-deça de l’importance du courant qu’ils représentent. Cette discrétion politique, cette crainte de s’assumer, est notamment visible au sein de la mouvance la plus activiste du péquisme, représentée suite à Bourgault et Falardeau par le RRQ et autres. Se disperser, se ventiler, disparaître au sein d’un parti qui ne veut pas de l’indépendance est la pire voie que les indépendantistes ont pu suivre car, ce faisant, ils se privent de la possibilité de tester la viabilité de leur propre option et d’en préparer le succès. Espérons qu’à la faveur de ce nouvel épisode de la crise du couple indépendantisme-souverainisme, une analyse politico-historique plus lucide remplace les vérités répétées et sans pertinence.
***
J’étais pour écrire aussi un commentaire mettant en parallèle la tribune de Richard Le Hir et le papier de Robert Comeau. Les déboires du PQ ne peuvent être attribués qu’à Pauline. Ce serait trop facile. En lisant Robert Comeau, je pensais que la cohabitation des indépendantistes et des souverainistes, produit d’une vision idéalisée de l’unité, dont Pierre Bourgault fut l’artisan le plus notoire, a fait long feu. L’histoire de Bourgault est typique de celle des indépendantistes jusqu’à aujourd’hui : il fut neutralisé politiquement, réduit à un rôle à la marge alors que ses discours soulevaient jadis l’enthousiasme, pour finir tristement à titre de commentateur à Radio-Canada. Cette idée d’unité contre nature, ce parking de l’indépendance, continue d’avoir néanmoins de nombreux adeptes, particulièrent au sein de la mouvance la plus activiste du PQ inspirée par feu Pierre Falardeau et autres.
Quant à savoir si l’indépendance peut triompher ou pas, la question ne se pose que très secondairement tant le manque de confiance politique des indépendantistes est enraciné. Leur histoire est pour l’essentiel de s’être dispersés, ventilés et perdus au sein d’une grande organisation partisane qui ne voulait pas d’eux et, par le fait même, de se priver de toute présence politique significative. L’avenir dira si une lecture moins idyllique de l’histoire politique remplacera les vieux discours qui paralysent le Québec depuis trop longtemps.

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Gilles Verrier140 articles

  • 224 993

Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca





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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 août 2011

    Quel bien cela fait de vous lire, Monsieur Verrier!
    Les indépendantistes ont perdu du temps, et cela risque de les perdre.
    Il faut que plus de voix comme la vôtre puissent s'élever.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    Voilà un exemple à suivre, ce texte qui reflète le calme et la réflexions propice à l'observation et au constats conséquents irréfutables. Un exemple pour les indépendantistes québécois.
    Il est inutile de chercher querelle même avec son ennemi. Il est inutile renforcir les mots, par exemple «vrais indépendantistes». On est indépendantiste ou on ne l'est pas. On le fait pour se convaincre qu'on sera perçu tel qu'on est ou pour jouer un rôle. Sans pointer quiconque, force est d'admettre que des gens sois-disant indépendantistes agissent ainsi présentement, étant plutôt concernés par un gain fédéraliste et souhaitant semer la zizanie partout.
    Il n'y a d'indépendance que lorsqu'on s'assume sois-même comme personne unique. Cette vérité s'applique à tout ce qui existe, autant pour le politique qui existe par et pour des humains, et qui est perçu par des humains.
    Au Québec, on se dit indépendantiste quand notre but est de libérer la Nation Québécoise de la fédération canadian. L'unique solution pour y parvenir étant de déclarer l'indépendance du Québec, son territoire actuel. En conséquence nous devons nous unir dans ce seul but, venter ses mérites et taire l'adversaire.
    Le débat infructueux doit cesser. Sur la place publique il nuira au Québec et ne servira que l'autre qui, lui ou elle, ne répond pas de toute évidence. Ce qui est la bonne attitude, autant pour nous, de ne pas répondre aux provocations.
    En tant que partisant, on doit présenter les avantages de son Parti et laisser faire l'adversaire. (On le fais avec le PI.) Ce n'est ni simple ni facile si on est émotif mais c'est ce qui doit être aussi avec un mouvement populaire.
    Le constat est facile à déduire d'une telle attitude.
    Réjean Pelletier

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    Je crois qu'avec des gens comme Mr Savoie et d'autres qui pensent pareil on a pas besoin des journalistes et de reportaires pour démolir le P.Q,la souveraineté ou l'indépendance,vigile réussi très bien.Les gens croyent de moins en moins ces temps ci au projet de pays et je les comprends.Ils disent ne plus s'intéressés tellement à la politique surtout au P.Q qu'ils se détruisent entre eux et qu'ils nous fiche la paix ont veux plus rien savoir,d'autres disent qu'ils n'y croient plus,leurs chicanes,pus capable.Et dire que Legault rafle tout et n'a même pas encore de parti et Charest jubile comme un enfant avant Noël.Je ne crois plus que nous sommes comme un grand peuple mais plutôt un très,très petit peuple depuis toujours et on ne grandit jamais.Si un Québécois se part un commerce sur une rue c'est sur qu'un autre va aller s'en partir un 5 à 6 maisons plus loin.¨Ca toujours été ça un Québécois et ça pas évolué c'est encore comme ça sutout au P.Q.Élie toi un chef ou un parti`en qui tu as confiance et quelques mois après tu essayeras de gouverner à sa place,belle mentalité que ce genre de Québécois.J'achève d'écrire Québécois avec un Q majiscule

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    23 août 2011

    A l’intérieur des partis politiques comme des églises, les cohabitations idéologiques perdurent rarement au-delà des circonstances qui leur ont donné naissance. Un jour ou l’autre, une tendance l’emporte, l’autre est expulsée ou, de lassitude, abandonne le ‘navire’.
    La tendance qui l’emporte consolide son emprise sur les appareils, maintient l’unité par le dogme et se pare ensuite de la chasuble de la légitimité historique.
    La lutte idéologique entre « souverainistes» et « indépendantistes » ne date pas de d’hier. Déjà en 1836, le faussé s’élargissait entre « modérés » et « patriotes ».
    Ainsi, dans les festivités de la Saint-Jean, l’échec des rébellions fit son œuvre : sur les tables d’honneur, le drapeau des patriotes aux barres horizontales verte, blanche et rouge fut remplacé par le drapeau britannique et les armoiries du gouverneur. Les toasts en l’honneur du « peuple, source primitive de toute autorité légitime » firent place à des santés portées à Sa Majesté la reine, à la famille royale.
    Dans ‘Les deux fondations de la SSJB'(1) Denis Monière rapporte: « Les patriotes ont bien changé depuis la dernière célébration de 1837. On ne fait plus référence au peuple, source de toute autorité, ni à Papineau, ni à la république... Le haut patronage de l’Église révèle aussi un changement majeur du leadership social et de l’orientation idéologique du nationalisme. » (1)
    La présente lutte idéologique entre souverainistes et indépendantistes, c’est un peu l’Histoire politique de notre nation qui se répète, à divers moments charnière, sous une autre forme et dans de nouvelles conditions. Elle ne doit pas nous faire frémir.
    Une nouvelle unité et un nouveau leadership surgiront nécessairement de la cacophonie apparente.
    Le processus est naturel et universel « L'histoire des peuples est l'histoire de la trahison de l'unité ». Et dans notre cas, le processus est pacifique.
    Jean-Pierre Bélisle
    (1) http://www.vigile.net/Les-deux-fondations-de-la-SSJB-En

  • Pierre Cloutier Répondre

    23 août 2011

    Y a rien de nouveau là-dedans
    Depuis le tout début du Parti québécois, les indépendantistes se font injurier de la sorte : "purs et durs", "pelleteux de nuage" "rêveurs", "communistes chinois", "caribous", "agents provocateurs", "traîtres" "enragés". "démolisseurs" et maintenant "extrémistes".
    Et ils veulent, en même temps, que les indépendantistes retournent au bercail où "ils seront accueillis à bras ouvert".
    Oh yeah!

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    Bonjour Gilles Verrier,
    J’imagine que le texte de Robert Comeau auquel vous faites allusion est celui paru dans Le Devoir d’hier, dont voici la source :
    http://www.ledevoir.com/politique/quebec/329772/crise-au-pq-il-y-a-30-ans-pierre-bourgault-faisait-le-meme-constat
    J’apprécie aussi votre commentaire… logique, conséquent.
    Voici copie du commentaire que m’a inspiré ce texte de Robert Comeau :
    « Un souverainiste n'est pas un indépendantiste... et un indépendantiste n'est pas un souverainiste. Le texte de Robert Comeau en fait la démonstration.
    En tant qu'indépendantiste, jamais plus je ne m'associerai à des souverainistes. Il faut nous battre pour l'avènement de notre indépendance nationale... Seuls les indépendantistes conduiront le Québec à son indépendance.
    Si l'indépendance d'un pays ne se fait pas par ses indépendantistes, c'est qu'elle ne se fera jamais ! »
    Permettez-moi d’ajouter que le seul mot « souveraineté », tel que galvaudé par les politiciens... péquistes ou hors PQ, me donne la nausée…
    Vive l'indépendance du Québec, sans aucune association avec le Canada ennemi !
    Michel Rolland

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    La pauvre madame-en-question et sa clique commencent à faire pitié. Voilà maintenant que, selon eux, les tenants de l'indépendance, les vrais de vrais, les "Purs et Durs" sont devenus des EXTÉMISTES. Dans la tête de la castafiore, ceux qui se battent pour se donner un pays sont devenus des ennemis. C'est scandaleux !
    Les fédéralistes du Québec et les anglos du ROC sont plus respectueux de notre combat que ces hurluberlus qui n’attirent encore quelques considérations que parce qu'ils sont encore représentés par des députés serviles et soumis à la dictature de la ligne de parti. Parce qu'ils sont encore en situation de monopole sur le vote nationaliste, ils continuent à carburer au mépris, à la vacherie intellectuelle et à la manipulation de l’opinion publique. Je vous le dits tout net : LES JOURS DE CES CRYPTO-FÉDÉRALISTES SONT COMPTÉS !
    C’ici là, j’EXIGE que ces fraudeurs, ces usurpateurs de la noble idée de la libération d’un peuple, déclarent officiellement leur orientation fédéraliste. En continuant à mentir à leurs membres nationalistes, ils nuisent à notre cause. Est-ce qu’à un certain moment donné, nous pourrons compter sur quelques gens honnêtes à l’intérieur du PQ pour que la vérité soit rétablie ?

  • Fernand Lachaine Répondre

    23 août 2011

    Bonjour monsieur Verrier,
    Ce matin dans Le Devoir, le PQ nous informe qu'il refuse de s'unir au MNQ en raison d'éléments "extrémistes" au sein de ce mouvement. Le PQ répète la même phrase que René Lévesque prononçait envers le RIN et Pierre Bourgault.
    Un de leur députés, Sylvain Gaudreault, indique, toujours dans Le Devoir de ce matin, que "depuis l'époque de René Lévesque, les radicaux se sont toujours marginalisés au PQ. Leurs options n'ont pas été retenues".
    J'aimerais rajouter à la déclaration de ce député ce qui suit:
    Leurs options n'ont pas été retenues et nous n'avons jamais été si loin de l'indépendance du Québec.
    Comme d'autres, je pense qu'il est temps pour des États Généraux pour savoir où nous en sommes car pour le moment le mot "confusion" est bien petit sans compter que la crédibilité en prends un coup depuis un bon moment.
    Fernand Lachaine