PQ : Les raisins de la peur

Les péquistes sapent leur propre message

Chronique de Nic Payne

Le programme qu'adoptera le Parti Québécois en fin de semaine, qui est
déjà en vigueur, dans les faits, depuis 2008, peut-il mener le Québec à son
indépendance dans un avenir prévisible ? On ne sait jamais, mais fort
probablement pas.
Pourquoi ? Parce qu'il faut une solide dose de fantaisie pour imaginer un
PQ faisant croître l'appui à l'indépendance et la soif référendaire en
gouvernant pendant des années; parce qu'en acceptant d'exercer le pouvoir
provincial dans un horizon indéfini, les souverainistes
s'auto-instrumentalisent et sapent leur propre message.
Néanmoins, l’application de ce programme pourrait-elle rendre le terrain
plus favorable à l’indépendance qu'il ne l'est déjà ? L’histoire nous
montre que des mesures nationalistes peuvent contribuer à la solidification
de l'identité québécoise, mais elles peuvent aussi rendre le Canada plus
confortable. Autrement dit, comme dans le cas de l’autonomisme de Mario
Dumont, les actions que propose le PQ pourraient hypothétiquement être
utiles à l’indépendance, mais elles ne sauraient remplacer une démarche
indépendantiste.
Mais alors, comment en sommes-nous arrivés à ce que les militants
péquistes, légendairement exigeants, acceptent cette réorientation qui
constitue un record historique de bas niveau d'engagement ?
On ne connaît pas de sondage scientifique sur cette question. Cependant,
il faut noter que depuis quelques années, plusieurs ténors souverainistes
propagent méthodiquement un discours d’incapacité, de peur et de
renoncement. Ils nous disent à satiété que les circonstances ne sont pas
bonnes, que les Québécois ne sont pas prêts, que nous irions à la
catastrophe, qu’il y a des choses plus utiles et importantes à faire dans
l’immédiat, etc., etc.
Ce n’est pas d’hier que les indépendantistes, comme d’ailleurs tous les
Québécois, se font servir des propos éteignoirs, en ce qui a trait à leur
destin national. Sauf que, dans ce cas-ci, fait inusité, ce discours vient
de ceux qui devraient normalement tâcher de nous en préserver.
Quand des souverainistes claironnent à qui-mieux-mieux que l’indépendance
n’est pas faisable, ou qu’ils le laissent clairement entendre à travers un
programme politique, on peut s’attendre à ce que cela ait des effets
inédits, par rapport à ce qu’il en est lorsque ce ne sont que les
adversaires de l’indépendance qui parlent.
Peut-être, donc, que le comportement actuel des sympathisants
souverainistes témoigne de la portée redoutable de ce discours venant de
leurs propres éclaireurs; ils auraient, jusqu’à un certain point, intégré
l’idée que l’indépendance serait hors de portée et qu’il ne resterait de
meilleure solution, pour l’instant et dans un futur prévisible, que de s’en
remettre au souverainisme provincial.
***
Dans cette optique, la décision par la direction péquiste de jongler avec
l’idée, politiquement courageuse, de la loi 101 au Cégep, est parfaitement
cohérente. Elle l’est en regard d’une posture souverainiste provinciale,
elle l’est aussi à titre d’incitatif, de voie compensatoire à l’intention
d’électeurs et de militants souverainistes en proie à la démobilisation.
S’il fallait que cette mesure ne soit pas adoptée en fin de semaine, les
souverainistes s’étant ainsi rabattus sur elle comme sur un prix de
consolation, seraient en quelque sorte les dindons de la farce, mais nous
n’en sommes pas là. Si, par contre, elle est bel et bien adoptée, il ne
restera alors qu’à déplorer qu’elle s’accompagne, puisque cela semble
acquis, de la lubie de l’immersion anglaise.
D’une façon ou de l’autre, cependant, le spectre de la loi 101 au Cégep,
quelle que soit la valeur de cette idée, aura probablement aidé,
objectivement, à confirmer la nouvelle orientation péquiste, conjointement
avec une longue et systématique préparation argumentaire à l’abandon de
tout engagement indépendantiste clair.

Nic Payne


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2011

    @ Monsieur Pierre Cloutier
    !00% d'accord avec vos propos! En effet, le PQ et le BLOC prolongent leur temps de glace sur l'arène provinciale. Partis de petits bourgeois et de carriéristes en attente de leur pensions à vie à même l'argent des contribuables. Pour moi, c'est démobilisant et peu rassurant pour l'avenir du Québec. Dans 20 ans, le BLOC sera encore à Ottawa à bloquer je ne sais trop quoi et au Québec, nos provincialistes au service du PQ et du PLQ continueront à gouverner pour la minorité anglophone du West Island au détriment de la majorité québécoise. Ils pratiquent l'apartheid envers leur propre peuple! Ce sont des des vendus, des lâches, des judas! INDÉPENDANCE OU ASSIMILATION!
    André Gignac pour un Québec indépendant, libre et républicain !!!

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2011

    Y a rien de mal à parler de souverainisme provincial. Au contraire c'est la réalité du "péquisme dilatoire", du "chouverainisme flageolant" (dixit Robert Laplante) et des rentiers de la petite politique provinciale.
    Le Québec est une province du Canada. C'est cela son statut actuel et nos "chouverainistes" officiels, autant au PQ qu'au Bloc se comportement comme des provinciaux en étirant le temps de glace sur la patinoire provinciale.
    De toute façon, pourquoi le présent congrès du Plan Marois serait-il plus légitime que le congrès de 2005 portant sur le projet de pays puisque ce projet a été illégalement mis aux poubelles en 2007 par le PQ Boisclair et en 2008 par le PQMarois? L'a-t-on oublié?
    Quand on veut un pays, on le met sur la table....franchement, directement et ouvertement.
    Je n'aime pas les hypocrites.....
    Pierre Cloutier

  • Gilles Verrier Répondre

    15 avril 2011

    Le moins que l'on puisse dire c'est que les opinions ne s'accordent pas sur les intentions de Pauline Marois et du parti qu'elle dirige. La vérité n'est pas toujours la meilleure alliée de la politique politicienne qui, on le sait, s'oblige à des compromis nécessaires. Avec le PQ, sommes-nous en face d'un nouveau paradigme que personne ne semble décoder - même Pauline Marois aurait besoin d'être contactée à ce sujet car elle n'en parle pas - ou d'un simple parti d'alternance.
    Sans vouloir trancher, je peux néanmoins risquer l'idée que la belle ambiguïté dans laquelle on nous entretient a des relents de déjà vu. Ne disparaîtront pas de sitôt les interprétations contraires au sujet du discours péquiste, car il y en a effectivement pour tous. Mais au fond, tout cela ne serait-il pas générateur de votes ?
    Peu importe, diront d'autres, plus portés sur l'activisme. Pourquoi se fendre les cheveux en quatre ? Que nous nagions en pleine confusion importe peu, nous (?) saurons, lorsque le Pq sera au pouvoir, lui imposer la mise en pratique de ce que nous (?) croyons être son véritable programme !!!
    GV

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    14 avril 2011

    Si vous êtes souverainiste je vous suggère fortement d'arrêter de référer au Québec comme étant une province pour plutôt y référer comme un État.
    De toute évidence vous avez de la difficulté à prendre acte que nous sommes dans un changement de paradigme au sujet du projet souverainiste: Fini le référendisme on passe à l'action dès la prise du pouvoir, c'est cela la gouvernance souverainiste.
    Qui y a t il de pas clair dans le Plan Marois ? Le plan ou la direction politique du plan ?
    http://www.vigile.net/Le-difficile-changement-de
    ...
    JCPomerleau
    P.s Nous avons deux murs devant nous. Le mur du ROC et celui du mur des lamentations.