Les économistes à cravate

Budget Québec 2010



Rien de pire pour l'intelligence que de devoir subir, collectivement, le tir groupé de ce que j'appellerais maintenant les «économistes à cravate».
Vous savez bien? Ceux qui, se défendant bec et ongles d'être «idéologiques», le sont pourtant clairement. Car de fait, ils penchent toujours à droite. Les Montmarquette, Fortin, Facal, l'Institut économique de Montréal, les Lucides, Cirano, et on en passe.
Depuis des années, ces économistes à cravate dénoncent ces pauvres inconscients que nous sommes, trempés jusqu'au cou, semble-t-il, dans une espèce de «culture de la gratuité» qui nous ferait croire, pauvres ignares, que les services publics, on ne sait trop comment ni pourquoi, seraient «gratuits»!
Donc, pour mieux nous «rééduquer», il faudrait, selon eux, prenant prétexte d'un déficit purement conjoncturel, hausser considérablement une pléthore de tarifs gouvernementaux.
Comme si de payer déjà des impôts, ou d'être trop pauvres pour le faire (!), c'est selon, ne suffirait pas à nous faire voir la «lumière» des Lucides de ce monde.
Et maintenant, comme je le prédisais d'ailleurs dès le mois d'août dans les pages de The Gazette, le gouvernement Charest entend, lui aussi, nous «rééduquer».
http://www.montrealgazette.com/news/Sacrifice+back+Quebec+political+agenda/1914612/story.html
***
Prenant les contribuables pour des valises, des ministres disent même que l'important est de trouver la manière de «payer pour la santé». Les mêmes qui, en passant, ferment les yeux ou légifèrent carrément pour ouvrir de plus en plus grande la porte au privé en santé...
Cherchez l'erreur.
Pour mieux nous rééduquer, il semble donc qu'on devra payer plus cher encore pour l'hydro-électricité. Et tant qu'à y être, abolir carrément le bloc patrimonial.
Mais pourquoi arrêter là? Ajoutez dix coups de fouet par famille, et ce sera encore plus efficace!
***
Et tant qu'à rééduquer, il paraît, du moins selon les économistes à cravate et le gouvernement, qu'en payant plus cher pour nous chauffer et nous éclairer, indépendamment de notre revenu, ça nous apprendra, irresponsables chroniques que nous sommes, à ÉCONOMISER l'électricité.
Pour la classe moyenne, les travailleurs à petits revenus et les pauvres, ce sera quoi alors? Descendre le chauffage l'hiver à 62 degrés? Se coucher avec un manteau? Arrêter de prendre une douche par jour par personne? Plastifier les fenêtres ET les murs intérieurs?.... C'est quand la dernière fois que Jean Charest ou Raymond Bachand ont dû s'acheter des plastiques pour leurs fenêtres chez Rona et les installer? Et qu'ils ont constaté que le vent passait quand même... On veut des dates.
***
Ah, mais ils promettent des «mesures compensatoires» pour palier le tout. Si vous les croyez, vous êtes mûrs pour croire aussi au Père Noël.
***
Et puis, que nous disent les économistes à cravate: même en Italie, on paye l'électricité moins cher qu'ici! Une vraie honte. Comme s'il y avait de gros hivers à Rome ou à Venise...
Se moquant de l'intelligence des gens, les économistes à cravate affirment même, la main sur le coeur, que le bloc patrimonial, dans les faits, «subventionnerait» les plus riches en leur permettant de consommer à moindre coût.
Pourtant, dans ce cas-là, la solution est simple.
Si on voulait vraiment cesser de «subventionner» les plus riches (et faudrait voir ce qu'être «riche» veut dire au Québec), on retirerait au moins les baisses d'impôts des derniers 15 ans qui les ont systématiquement favorisés pour plus de 10$ milliards.
On leur demanderait plus que 7$ par jour pour faire garder leurs gentils rejetons par l'État.
On leur demanderait les mêmes 20,000 à 25,000$ par année que coûtent aux parents les écoles vraiment privées, non subventionnées, de l'Ontario. Etc., etc, etc....
C'est pas comme si les idées manqueraient.
***
Des fois, franchement, il y a de quoi à se demander dans quelle bulle vivent les économistes à cravate?
Une bulle proprement idéologique.
Et ce, même s'ils le nieront jusqu'à ce qu'ils aient réussi à réduire suffisamment à leurs yeux le rôle de l'État dans la redistribution de la richesse.
Pendant ce temps, les gouvernants s'apprêtent à pomper, les yeux fermés, 42 milliards de nos dollars dans des infrastructures SANS procéder au préalable à une enquête en profondeur sur les liens possibles entre l'industrie de la construction, certains syndicats et le crime organisé...
Et où sont les économistes à cravate pour dénoncer cela?
***
Terminons sur quelques autres questions, comme ça :
- Si on augmente les tarifs de la population en général, va-t-on aussi le faire pour les blocs d'énergie vendus à des entreprises dans les contrats secrets?
- Quel sera l'impact de la perte de l'avantage comparatif dont le Québec jouit avec ses tarifs d'électricité plus bas à la population et aux entreprises en général ?
- Quel sera le coût en terme d'émission de carbone du ralentissement de la conversion du chauffage à l'électricité, une énergie propre, puisque ses coûts augmenteraient de manière notoire?
- Qui, ou quelles compagnies, auraient intérêt dans cette politique ?
***
Et on aurait nationalisé l'hydro-électricité pour en finir là?
On croirait presque que plus les tarifs augmenteraient, plus ça rendrait Hydro-Québec un jour «vendable» /sic/ au privé...
Une vulgaire «théorie de complot de la go-gauche», vous dites?

Voyez plutôt ceci:
http://www.iedm.org/main/show_mediareleases_fr.php?mediareleases_id=187


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé