Crise de l'Église

Mgr Viganò dénonce l’emprise de réseaux homosexuels et de la Chine communiste sur le Vatican

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Le Vatican dans la tourmente : pédophilie et corruption

Par Jeanne Smits (Le blog de Jeanne Smits)


Mgr Carlo Maria Viganò s’exprime une nouvelle fois sur l’affaire McCarrick, en évoquant notamment le rôle joué par ce dernier dans la conclusion de l’accord entre la Chine et le Vatican, avec des « milliards » à la clef. Je vous propose ci-dessous ma traduction de l’entretien accordé par Mgr Viganò au vaticaniste Marco Tosatti, précédé par l’introduction signée par celui-ci. Il s’agit de la traduction officielle, relue et autorisée par Mgr Viganò. Et c’est encore une bombe…


Voir la version italienne sur Stilum curiae, le blog de Marco Tosatti, et la version anglaise, publiée également à 7 h (heure de Rome) ce samedi matin, sur LifeSiteNews


Je n’ai pas encore eu le temps de traduire l’important appareil de notes. Elles sont disponibles dans les versions italienne et anglaise. — J.S.


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La détermination de Mgr Carlo Maria Viganò, ancien nonce apostolique aux États-Unis d’Amérique, à dénoncer le voile du silence et les dissimulations dans la gestion des cas d’abus par des membres du clergé, est bien connue. La réaction pimentée et énervée des autorités du Vatican — et en particulier de divers prélats — aux réfutations bien argumentées du combatif prélat est également bien connue. Dans cette interview, nous nous penchons avec Son Excellence sur les développements de l’affaire de l’ex-cardinal McCarrick, notamment à la lumière d’un article récent de Church Militant intitulé « The McCarrick Bombshell » (« La bombe McCarrick) ».


Mais avant d’entrer dans le vif de cet article, faisons un bref rappel. Du 21 au 24 février 2019, une réunion de tous les présidents des conférences épiscopales s’est tenue à Rome sur le thème de la protection des mineurs dans l’Église. Quelques jours auparavant, le 16 février 2019, la Congrégation pour la Doctrine de la foi a annoncé le renvoi de l’état clérical de Theodore McCarrick, accusé d’autres crimes graves, et a ajouté : « Le Saint-Père a reconnu le caractère définitif de cette décision prise en accord avec la loi, la rendant res iudicata (c’est-à-dire n’admettant aucun autre recours). » — M.T.


Marco Tosatti : Excellence, quelles sont aujourd’hui les nouvelles à propos de l’affaire McCarrick ?


Mgr C.M. Viganò : Je crains qu’il n’y ait pas de nouvelles, et la nouvelle est précisément celle-là. Avec le renvoi à l’état laïque de McCarrick, on a voulu mettre fin à une longue affaire qui a été révélée par mon témoignage en 2018, mais tout a été fait pour que les résultats et les détails du procès n’apparaissent pas. La tromperie mise en œuvre par une stratégie consistant à procéder par voie administrative et non par voie judiciaire, et la décision de Bergoglio de confirmer la sentence avec autorité, ont en fait empêché de mettre au jour, en même temps que les fautes objectives de McCarrick, les responsabilités de ceux qui, pendant des années, ont contribué à dissimuler la nature et l’étendue des crimes commis par lui, et à protéger ses complices et ceux qui, par leur silence, ont couvert ses crimes. C’est ainsi que la condamnation du coupable n’a pas fait la lumière sur les points obscurs. En tant que laïc, il jouit désormais d’une totale liberté de mouvement et d’action, et peut encore intervenir à tous les niveaux : au niveau ecclésial — et ce même auprès de ceux qui l’ont couvert et soutenu, au Vatican et ailleurs ; au niveau politique, social et financier, par l’intermédiaire des personnes qui sont restées en relation avec lui et qui ont reçu des faveurs de sa part. Le renvoi à l’état laïque ne constitue en aucun cas une sanction médicinale (n’étant que sa prémisse nécessaire, en raison de l’indignité avérée du délinquant), elle n’implique aucune forme de pénalité réparatrice, ni ne rend justice aux victimes, mais permet à M. McCarrick de poursuivre ses activités criminelles sans être dérangé, y compris celles de prédateur sexuel.


La procédure administrative a également empêché l’audition des victimes, alors que les témoignages recueillis tout récemment par Maître Jeffrey Lena, avocat du Saint-Siège, semblent avoir été rédigés sous la dictée : ceux qui ont subi le harcèlement viennent s’excuser de la lenteur de la publication du Rapport en l’attribuant à la masse de témoignages, avec un ton indulgent et justificateur qui ne correspondent pas à l’extrême gravité des crimes qui lui sont reprochés. On peut penser que certaines victimes, protégées par un pseudonyme, se sont prêtées à une opération visant à décharger le Saint-Siège de ses responsabilités et à valider la version que celui-ci fait valoir devant l’opinion publique. On soupçonne aussi ces témoignages anonymes d’être de la pure fiction. C’est en tout cas une tromperie qui doit être dénoncée avec force, car si la corruption de ce prélat en tant que prélat est scandaleuse, le silence coupable de ceux qui représentent l’Église l’est d’autant plus. Si ces épisodes s’étaient produits sous le pontificat de Benoît XVI, ils auraient déclenché la fureur des médias : tant de compassion pour Jorge Mario est révélatrice de l’attitude complice des médias dominants.


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Marco Tosatti : La convocation de la réunion au Vatican a été annoncée comme une occasion d’apporter des réponses fermes et déterminées aux scandales sexuels du clergé. Dans son discours d’introduction, le pape François déclarait : « Le poids de la responsabilité pastorale et ecclésiale qui nous oblige à discuter ensemble de manière synodale, sincère et approfondie sur la façon d’affronter ce mal, qui afflige l’Église et l’humanité, pèse sur notre rencontre. Le saint Peuple de Dieu nous regarde et attend de nous, non pas de simples et faciles condamnations, mais des mesures concrètes et efficaces à préconiser. Il faut être concret. »


Mgr C.M. Viganò : Les proclamations solennelles qui ont précédé, accompagné et suivi cette réunion n’ont en aucune façon donné lieu à une action concrète et pratique, comme on le souhaitait. De même, lors de la réunion, les questions légitimes et insistantes des journalistes posées à Bergoglio le 26 août 2018 après ma dénonciation sont restées sans réponse.


Pour ce qui est du contenu de ce qui a été dit, il semble que, plus qu’à aggraver les peines et à rendre les discours plus incisifs, les scandales sexuels du clergé eux-mêmes aient servi à réaffirmer presque obsessionnellement la nouvelle structure « synodale » de l’Église, qui sert une intention précise de réécrire sa constitution selon une clef démocratique. L’archevêque de Chicago, Blase Cupich lui-même — ami de Theodore McCarrick et président de la réunion au Vatican — a centré son discours à la conférence sur la « synodalité », comme passage obligé d’une « réforme structurelle, juridique et institutionnelle » de l’action dont l’objectif de freiner les abus est de pure forme.


Marco Tosatti : De quelle manière la « synodalité » peut-elle aider les évêques à résoudre le problème des abus du clergé ?


Mgr C. M. Viganò : La proposition d’établir une commission de laïcs indépendants qui aurait supervisé le travail des évêques, formulée lors de l’assemblée plénière de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis en novembre 2018, a été bloquée par le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques. Cette intervention du Vatican a démenti les proclamations de « synodalité » dès lors que les décisions des conférences épiscopales ne coïncidaient pas avec ce que voulait Rome. Cependant, je considère que Son Éminence le Cardinal Ouellet n’a été que l’exécuteur de manœuvres qui lui ont été imposées d’en haut.


Marco Tosatti : N’est-il pas bon que le Vatican garde pour lui des décisions impliquant des questions doctrinales et morales ?


Mgr C. M. Viganò : L’autorité du Pontife romain, qui s’exprime également à travers les Congrégations romaines, ne peut évidemment pas être déléguée à de simples organes consultatifs qui n’ont aucune compétence et qui ne font pas partie de la structure hiérarchique de l’Église telle que le Christ l’a instituée : nous devons être clairs sur ce point. Il est cependant significatif que la « voie synodale » souhaitée par les dirigeants romains ne rencontre aucun obstacle, sauf au moment où elle risque de devenir médiatiquement gênante, comme dans le cas d’une commission spéciale nommée pour recevoir les plaintes contre les évêques.


Cette référence à la « synodalité » est un thème cher au courant théologique progressiste qui veut dénaturer la structure hiérarchique de l’Église. Les récents articles de Massimo Fagggioli, professeur à l’Université de Villanova, sont très révélateurs à cet égard. C’est là que le 11 octobre 2013 McCarrick a prétendu avoir favorisé l’élection du cardinal Bergoglio lors des Congrégations générales précédant le Conclave, qui s’étaient tenues quelques mois plus tôt, et avoir parlé avec « un monsieur italien très influent » qui lui a confié que dans cinq ans le nouveau Pape aurait réformé l’Eglise.


On ferait bien de s’alarmer du fait que cette même école donne aujourd’hui des signes inquiétants de mécontentement à l’égard de l’œuvre de Bergoglio, dont le pontificat est défini comme étant « en crise » par des « gens déçus » – peut-être parce que les cinq années auxquelles McCarrick faisait allusion n’ont pas donné les résultats escomptés.


Marco Tosatti : Dans le rapport qu’il a présenté lors de la réunion du Vatican, le cardinal Reinhard Marx a déclaré : « Les procédures légales correctes servent à établir la vérité et constituent une base pour imposer une sanction proportionnée à l’infraction. On a besoin de voir de quelle manière le juge arrive à un jugement ; le plus souvent, ce n’était pas le cas et je pense que dans notre situation, ce n’est pas une bonne chose. Elles renforcent également la confiance dans son organisation et sa hiérarchie. Les doutes persistants sur le bon déroulement des procédures judiciaires ne font que nuire à la réputation et au fonctionnement d’une institution. Ce principe s’applique également à l’Église. »


Mgr C.M. Viganò : La publication des actes de procédure devrait être une des pierres angulaires d’une opération de transparence et d’honnêteté envers les victimes d’abus de la part des membres du clergé. Il me semble évident que les paroles du cardinal Marx ont été ignorées, à commencer par l’affaire McCarrick, précisément à l’initiative de Bergoglio.


Je rappelle en outre que le cardinal Daniel DiNardo, président de la conférence épiscopale des États-Unis, a été désavoué sans guère de ménagements par l’intervention du Vatican, qui l’a remplacé lors de la rencontre à Rome en février de l’année 2019 par les cardinaux Blase Cupich et Joseph William Tobin, qui ne sont pas non plus au-dessus de tout soupçon sur leur compte personnel. Ces ingérences, manifestement souhaitées d’en haut, ont fabriqué une image médiatique qui ne correspond pas à la réalité, dans laquelle Bergoglio est présenté comme l’architecte d’une réforme inexistante, à de simples fins de propagande. Même la demande de démission de tout l’épiscopat chilien faite par François s’inscrit dans une opération de façade qui est clairement démentie par les faits.


Je pense que le « deux poids, deux mesures » réservé aux Conférences épiscopales américaine et française est emblématique : du côté américain, l’interventionnisme bergoglien a empêché une opération de transparence de la part des autorités ; tandis que du côté français, il a permis des violations claires du droit canonique et civil, en permettant de confier les enquêtes du propre au for ecclésiastique à un juge maçonnique qui est également favorable à l’euthanasie. L’esprit jacobin qui a présidé à la poursuite des clercs français accusés de pédophilie ne prend cependant pas en compte la responsabilité des Ordinaires et des Supérieurs religieux, qui sont coupables des mêmes dissimulations qui s’installent également dans la pratique à Rome.


Marco Tosatti : Mais nous avons aussi entendu le Pape rappeler, dans son discours final, les paroles qu’il avait déjà prononcées devant la Curie romaine en 2018 : « L’Eglise ne tentera jamais de couvrir ou de minimiser quelque cas que ce soit. »


Mgr C.M. Viganò : Cette affirmation solennelle a été contredite par le cas le plus emblématique, celui de Theodore McCarrick, et laisse penser que d’autres intérêts ont mené à la décision de liquider l’affaire par voie administrative et, ce qui est encore plus grave, sans publication d’actes judiciaires.


Marco Tosatti : Quels sont ces intérêts, à votre avis ?


Mgr C.M. Viganò : On a voulu focaliser l’attention sur les abus dont des enfants ont été l’objet, en la détournant de la condamnation claire et légitime des comportements homosexuels qui sont souvent à l’origine de ces abus. Pour Bergoglio et son entourage, la sodomie n’est pas un péché qui crie vengeance devant Dieu, comme l’enseigne le Catéchisme. Les propos de Bergoglio sur le sujet — et plus encore les actes et les paroles des personnes dont il s’entoure — confirment, hélas, qu’un travail de légitimation est en cours au sujet de l’homosexualité, et que ce sont les prélats et les théologiens qui font avancer cette discussion qui ont manifesté sans ambiguïté qu’ils n’étaient pas fidèles à l’enseignement catholique.


Le cardinal Tobin lui-même — dont les messages embarrassants sur son téléphone portable parlent d’eux-mêmes — a clairement déclaré qu’il n’adhérait pas à la condamnation de la sodomie dans le Catéchisme, refusant de définir les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés ». Et ces déclarations font suite au soutien de ce cardinal au livre Building a Bridge du père James Martin s.j., qui affirme la même chose. On retrouve donc un cardinal ami de McCarrick qui se montre favorable aux mouvements LGBT et le jésuite que Bergoglio a nommé consulteur du Secrétariat pour les communications du Saint-Siège, l’invitant même à prendre la parole à la Rencontre mondiale des familles à Dublin en 2018 et le recevant en audience. Le cardinal Cupich s’est également exprimé en faveur des homosexuels à plusieurs reprises, et lors du Synode de la jeunesse — auquel il a été invité à participer par le Pape sans avoir été désigné par les évêques américains — le sujet controversé des relations homosexuelles a été inclus dans l’Instrumentum laboris sans qu’aucun groupe de jeunes ne l’ait demandé. Je rappelle, en passant, que Cupich a été imposé au siège de Chicago par Bergoglio, contre l’avis de la nonciature.


Les intérêts sont donc clairement ceux du « lobby gay » qui s’est infiltré dans l’Eglise et qui est littéralement terrifié à l’idée que de bons Pasteurs fassent la lumière sur l’influence qu’il exerce à la Secrétairerie d’Etat, dans les Congrégations, dans les Diocèses et sur l’Eglise tout entière. La fresque homoérotique obscène, voire sacrilège, que Mgr Paglia a commandée pour la cathédrale de Terni est un manifeste idéologique arrogant qu’aucune autorité n’a jamais censuré ou déploré ; les trop nombreuses affaires financières du Substitut de la Secrétairerie d’État, Mgr Edgar Peña Parra — liées au Card. Maradiaga (impliqué dans le scandale des abus homosexuels de son évêque auxiliaire, Pineda, sans qu’on n’ait de nouvelles d’une initiative ecclésiastique contre lui) — ainsi que les très graves accusations de sexto qui pèsent sur lui et que j’ai largement dénoncées, n’ont en rien interrompu son cursus honorum au Vatican ; il en va de même pour Mgr Gustavo Óscar Zanchetta, que Bergoglio a promu et qui, en attendant son procès pénal, a récemment été renommé au poste d’assesseur pour l’Administration du patrimoine du Siège apostolique. Après l’ordre de transférer tous les comptes courants des Diocèses et des Congrégations religieuses du monde à l’APSA, Zanchetta se retrouve à gérer les finances de l’Eglise — lui qui peut aujourd’hui se vanter dans son CV d’avoir un diplôme faisant autorité, celui de mécanicien électricien — ce qui fait de lui en même temps l’objet facile de chantage interne et externe. Et n’oublions pas le travail de Mgr Ilson de Jesus Montanari, archevêque, secrétaire de la Congrégation des évêques, secrétaire du Sacré Collège et vice-camerlingue de la Sainte Église Romaine, au nom et pour le compte de ceux qui l’ont ensuite élevé aux plus hauts rangs de la Curie romaine en récompense de sa fidélité.


Je crois qu’il est essentiel de mettre en lumière une fois pour toutes le lien étroit entre la sodomie et la pédophilie, qui est également confirmé par les statistiques elles-mêmes : un lien que le sommet qui s’est tenu au Vatican a scrupuleusement passé sous silence afin de ne pas heurter la mentalité actuelle, répandue jusque parmi de nombreux prélats. Mais il serait hypocrite et coupable de condamner la pédophilie dans le sillage de la législation civile actuelle, sans condamner également la sodomie, que la pensée unique de ce temps ne considère pas comme pénalement pertinente mais que l’Église compte au nombre des péchés qui crient vengeance devant Dieu.


Mais il y a aussi un autre intérêt, de nature politique, qu’il ne faut pas sous-estimer le moins du monde…


Marco Tosatti : A quoi faites-vous référence ?


Mgr C.M. Viganò : Je parle du rôle politique de McCarrick, qui est également mentionné dans le dernier article de Church Militant : « C’est McCarrick qui a rédigé l’accord Vatican-Chine, une mission qui lui a été confiée personnellement par le pape François. François a suspendu les restrictions imposées par Benoît quelques semaines après être devenu pape — un fait confirmé par Mgr Viganò. De même, des sources chinoises […] montrent que McCarrick pourrait avoir joué un rôle déterminant par rapport à des milliards de dollars de paiements secrets en cours, envoyés par les communistes chinois au Vatican de François. Si cela est vrai (et cela semble plausible, étant donné les liens communistes de McCarrick et son amitié avec Pékin), cela pourrait contribuer à expliquer pourquoi le rapport reste sur le bureau du Pape, sans être publié. »


Ces derniers jours, Christian Today a divulgué la nouvelle selon laquelle « la Chine a ordonné à des villageois chrétiens de renoncer à leur foi et d’adorer à la place les dirigeants du Parti communiste de la nation ». Face à cette persécution des chrétiens — et des catholiques fidèles au Saint-Siège — par la dictature communiste, le silence de Santa Marta est littéralement assourdissant, comme il l’était il y a quelques jours lorsque, dans son message pour l’Angelus, Bergoglio a omis l’appel en faveur de Hong Kong qui avait été remis à la presse. L’accord secret conclu entre le Saint-Siège et Pékin, dénoncé publiquement par le cardinal Zen, démontre la soumission de l’Église bergoglienne aux diktats de la dictature communiste, livrant la Hiérarchie locale à ses persécuteurs et gardant le silence sur les violations des droits de l’homme perpétrées par le régime.


Je me rappelle qu’au printemps 2014, j’ai écrit au secrétaire d’État Parolin pour lui demander si les mesures prises par Benoît XVI contre McCarrick étaient toujours valables ou non, suite à un article du Washington Times rapportant qu’il s’était rendu en République centrafricaine au nom du département d’État américain. Le cardinal Parolin ne m’a jamais répondu, mais les nouvelles qui émergent ces jours-ci semblent aussi mettre en évidence ces aspects. La liberté de circulation accordée à McCarrick était bien connue, et il a lui-même écrit en 2012 : « J’étais à Doha la semaine dernière et je suis allé en Irlande… et ensuite… j’ai entamé l’un de mes plus longs voyages — Beyrouth, Jordanie, Égypte, Thaïlande, Myanmar, Cambodge et Hong Kong… avant de recommencer en Terre Sainte et au Belarus. » Et en 2014 : « Je pars pour la Chine le jeudi 27… Je suis sûr que le cardinal Parolin me recevra puisqu’il est impliqué dans mon voyage en Chine. »


Entre autres choses, la participation de la Compagnie de Jésus aux démarches diplomatiques du Vatican auprès de la dictature de Pékin — à commencer par l’édition spéciale en chinois de Civiltà Cattolica — confirme la volonté du Saint-Siège de cautionner la Chine, au moment même où se concrétisent les soupçons sur sa responsabilité dans la propagation du COVID pour déstabiliser l’équilibre géopolitique international. Le rôle d’Antonio Spadaro et d’autres jésuites — qui, tous, fréquentent assidûment l’université de Villanova — est emblématique et révèle le fil conducteur qui lie le progressisme doctrinal à la perversion morale et à la corruption politique. D’autre part, ces trois éléments — hérésie, sodomie, corruption — sont tellement récurrents qu’ils sont presque une marque de fabrique du deep state et de la deep church.


Puisque nous évoquons le deep state, il n’est pas surprenant que l’OMS soit complice de cette opération d’ingénierie sociale pour plaire à la Chine, ni que le président Trump ait décidé de révoquer les financements qu’elle a reçus jusqu’à présent. Ce qui est surprenant et scandaleux, c’est le silence complice du Vatican face à une sorte de coup d’État qui vise à faire de l’église bergoglienne le bras spirituel du Gouvernement Mondial, sous l’égide de la tyrannie communiste et avec la complicité des partis mondialistes. L’Italie, avec son gouvernement non élu, alors que la majorité se trouve dans une crise politique très grave, semble suivre le programme et ne semble pas vouloir revoir ses positions vis-à-vis de Pékin : les menaces continues d’un retour de l’urgence COVID et du confinement sont clairement instrumentalisées pour maintenir un pouvoir qui, en présence d’élections convoquées démocratiquement, ferait la preuve de sa propre inconsistance. Ce qui est certain, c’est qu’une opposition un peu plus incisive et moins alignée sur le discours dominant pourrait être perçue positivement tant par l’électorat que par les partenaires internationaux de l’Italie.


Marco Tosatti : Revenons sur la question des scandales au sein du clergé. Précisément le 19 février, deux jours avant le début de la réunion présidée par le cardinal Cupich, une lettre ouverte des cardinaux Raymond Burke et Walter Brandmüller aux présidents des conférences épiscopales était publiée : « Face à la dérive actuelle de l’Église, il semble que le problème se réduise à celui des abus commis sur des enfants, qui ne sont qu’un élément d’une crise beaucoup plus vaste. Le cléricalisme est désigné comme étant la cause d’abus sexuels, mais la première responsabilité du clergé ne réside pas dans les abus de pouvoir, mais dans le fait de s’être éloigné de la vérité de l’Evangile. Face à cette situation, les cardinaux et les évêques gardent le silence. Garderez-vous également le silence ? A la suite de nos Dubia, il n’y a pas eu de réponse du Pape ; nous vous encourageons à élever la voix pour sauvegarder l’intégrité de la doctrine de l’Église ». Quel a été le résultat de l’appel de ces éminents prélats ?


Mgr C.M. Viganò : Les cardinaux Burke et Brandmüller, comme d’autres prélats, n’ont fait que réaffirmer de façon louable la doctrine catholique : ce qui est inouï, c’est que ce sont eux qui sont considérés comme « étranges » dans la structure ecclésiale, alors que la parole est donnée à des personnalités qui, en raison de leur présence, de leur « cautionnement » de l’agenda LGBT et dans certains cas aussi en raison des ombres qui pèsent sur leur conduite, devraient être retirées de l’Eglise et sévèrement censurées.


En avril 2019, Benoît XVI a publié un vigoureux discours dans Klerusblatt, repris ensuite en Italie par le Corriere della Sera ; ce discours a été férocement critiqué par Marco Politi dans Il Fatto Quotidiano. Cet article était en fait destiné à la réunion de Rome par l’intermédiaire de la Secrétairerie d’État, mais il a été boycotté, ce qui confirme l’intervention de la « lavender mafia » pour empêcher le Saint-Père de faire connaître sa propre position sur le sujet aux évêques.


Marco Tosatti : Pouvez-vous nous rappeler en quoi consistait cette intervention de Benoît XVI ?


Mgr C.M. Viganò : Le point central de l’article de Ratzinger, celui qui a exaspéré les partisans de Bergoglio, était précisément la mise en évidence du lien entre homosexualité et pédophilie, ainsi que l’assouplissement de la morale à la suite du Concile, et la propagation du fléau des abus.


Fermant obstinément les yeux devant les preuves, le progressiste Politi écrivait : « Quel est le rapport entre l’abandon par l’Eglise d’une éthique basée sur la loi naturelle et la pédophilie ? Qu’est-ce que les changements dans la théologie morale catholique ont à voir avec cela, qu’est-ce que les bandes d’homosexuels dans les séminaires ont à voir avec cela, qu’est-ce que les films pornographiques ont à voir avec cela, qu’est-ce que la relativisation des valeurs et du jugement moral a à voir avec cela ? » Pourtant, il est évident que là où la formation des candidats au sacerdoce et à la vie religieuse supprime la discipline et la vie intérieure, les vices et les péchés se multiplient et dégénèrent ensuite en crimes très graves contre les mineurs, mais pas seulement.


La cause de ce changement réside précisément dans « l’esprit du Concile », que Benoît XVI a seulement voulu mentionner, mais qui n’a pas manqué d’être aussitôt saisi par ceux qui ont vu le superdogme mis en cause : « Elle est vraiment grotesque [sic], la tentative de l’ancien pontife de mettre sur le compte de l’esprit “conciliaire” le garantisme extrême des procès ecclésiastiques, visant à la protection de l’accusé “au point d’exclure pratiquement — comme il est écrit dans l’essai — la condamnation du coupable”. Ce serait donc la faute des partisans du Concile, ou pour le dire plus simplement, celle des réformateurs, si le réseau des spécialistes de la dissimulation et des juristes madrés, qui ont essayé et essaient encore par tous les moyens d’empêcher le procès et la condamnation des clercs prédateurs, s’est toujours avéré si écrasant et puissant ? »


Marco Tosatti : Pensez-vous que Marco Politi ait raison ?


Mgr C.M. Viganò : Je crois que la réponse à cette question rhétorique du vaticaniste Politi peut être affirmative, incontestablement : il existe une relation très étroite entre la crise doctrinale de l’Eglise et l’immoralité du clergé, qui atteint scandaleusement les plus hauts rangs de la Hiérarchie. Mais il est également évident que cette crise est utilisée par l’aile ultra-progressiste non seulement pour imposer une fausse morale accompagnée d’une fausse doctrine, mais aussi pour discréditer irrémédiablement la Sainte Église et la papauté devant les fidèles et le monde, par l’action de ses propres dirigeants.


Marco Tosatti : Ne pensez-vous pas qu’à la fin, le rapport que tout le monde attend sera publié ?


Mgr C.M. Viganò : S’il est possible de faire la lumière sur cette affaire, cela se fera malgré le Vatican : les intérêts en jeu sont énormes et touchent directement le sommet de l’Eglise, et pas seulement pour des questions de nature doctrinale, morale ou canonique, mais en raison des aspects politiques et diplomatiques qui ont vu le Saint-Siège faire l’objet d’un coup d’Etat avec la complicité de ceux qui auraient dû au contraire le défendre dans sa souveraineté et son indépendance. Ce qui avait échoué pendant le pontificat de Benoît XVI a été mené à terme après sa démission. Comment pouvons-nous espérer que ceux qui sont redevables, y compris de leur propre élection, à McCarrick — qui était l’un des principaux partisans de l’accord secret avec la Chine — puissent faire la lumière sur une série d’événements qui l’impliqueraient personnellement, démontrant la connivence avec la dictature chinoise contre les catholiques fidèles au Siège apostolique et peut-être aussi la responsabilité de ce régime dans la démission du pape Benoît ? Comment peut-on imaginer que les sombres événements de Saint-Gall aient été éclaircis alors que c’est précisément là que les conspirateurs ont organisé l’élection de Bergoglio ? Et comment croire que l’Église sera purifiée de la corruption et du vice de ses clercs et prélats, alors que ce sont eux qui ont pris le pouvoir et qui arrivent à être promus au plus haut niveau, dans un tissu de complicité entre hérétiques, traîtres et pervers ? Ceux qui sont chargés d’enquêter sur les scandales sont fortement impliqués dans la nomination, la promotion et la protection des coupables : Bergoglio s’est entouré de personnages compromis, et par conséquent sujets au chantage, dont il n’a aucun scrupule à se débarrasser dès qu’ils risquent de compromettre son image médiatique.


N’oublions pas que la légitimation de l’homosexualité fait partie du programme du Nouvel Ordre Mondial — auquel l’église bergoglienne adhère ouvertement et inconditionnellement – non seulement en raison de sa valeur déstabilisatrice dans le corps social, mais aussi parce que la sodomie est le principal instrument avec lequel l’ennemi entend détruire le sacerdoce catholique, en corrompant les âmes des ministres de Dieu.


C’est pourquoi, du moins dans la mesure où cela semble possible, toute la vérité sur McCarrick ne sera jamais officiellement révélée.


Marco Tosatti : Comment pouvons-nous réagir face à cette corruption ?


Mgr C.M. Viganò : Ce qu’on ne peut désormais plus remettre à plus tard, c’est une action commune du bien — ceux que dans la Lettre ouverte au Président Trump j’ai appelés, en termes bibliques, « les enfants de la Lumière » — afin que la complicité et les crimes de ceux qui font la guerre au Bien pour établir le Nouvel Ordre Mondial soient mis en lumière. Dans cette opération de vérité et de transparence, le rôle des États-Unis peut être décisif, surtout lorsque ceux qui devraient et pourraient contribuer du côté du Vatican restent silencieux. Comme l’a dit le Seigneur : « Je vous le dis : s’ils se taisent, les pierres crieront. »


Mais il y a un aspect plus important, de nature spirituelle. Nous devons comprendre que la crise de l’Église a été provoquée par le fait d’avoir retiré sa couronne à son Roi, Notre Seigneur : il est nécessaire qu’Il revienne pour régner non seulement dans nos cœurs et dans nos familles, mais aussi dans la société civile et surtout dans l’Église. Oportet illum regnare. Et avec le Roi des rois, doit aussi régner Notre-Dame, Reine et Mère de l’Eglise, à qui celle-ci a désobéi en ne consacrant pas la Russie à son Cœur Immaculé. C’est mon souhait le plus sincère, auquel je demande à toutes les personnes de bonne volonté de s’unir.


+ Carlo Maria Viganò, archevêque

22 juillet 2020

En la fête de sainte Marie-Madeleine