Une chance que le ridicule ne tue pas

Absolument et totalement rien à l'épreuve des «zesperts» full lucides commandités afin de nous farcir la cervelle pour nous vendre leur camelote et leur gibelotte ou celle de leurs franchiseurs. Rien pantoute que je vous dis. Et pour essayer à tout prix de nous remplir comme des grosses valises, ils utilisent des tactiques primaires, avec le concours de certains médias comme La Presse, dont la compagnie-mère, Power Corp., est intensément présente dans l'énergie et les services publics comme l'électricité, le pétrole, le gaz naturel, les retraites, la santé, l'eau, les aqueducs, les partenariats privé-public, etc. Qui peut contredire de tels zesperts  que vous vous demandez?

Prendre comme exemple la Norvège

Quoi de mieux que de prendre comme exemple la Norvège. La subtilité et la finesse de leur argumentaire ne sont pas leurs points forts. Ils prennent bien ce qui fait leur affaire en Norvège, tout en coupant les coins ronds et en déformant la réalité du peu qu'ils retiennent de ce pays qui se classe toujours bon premier dans le monde au niveau de l'indice de développement humain de l'ONU qui mesure le bien-être en retenant des indices au niveau de la santé, de l'éducation, de l'égalité des sexes, des services publics offerts, etc. Et que de dire que son taux de couverture syndicale de 74% qui favorise une meilleure répartition de la richesse. Ça fait donc bon chic bon genre de prendre le top du top en matière sociale dans le monde. Et ils pensent vraiment nous faire mordre à l'hameçon avec leur grossier subterfuge? Ils vendent du rêve. Si on adopte ces mesures qu'ils préconisent, au Québec, on deviendra aussi égalitaire qu'en Norvège avec autant de programmes sociaux de luxe et de richesse qu'eux. Une offre que l'on peut pas refuser. Mais justement il faut refuser leur arnaque.

TVQ, Alain Dubuc et La Presse

L'éditorialiste en chef André Pratte, de la milice des lucides autoproclamés, et le chroniqueur Alain Dubuc, tout comme le patronat et le professeur fiscaliste Luc Godbout, qui préside l'actuelle commission sur la fiscalité et qui militait même pour appliquer la TVQ sur les aliments, sont des fanatiques partisans des taxes à la consommation (TVQ et TPS) et des baisses d'impôt sur le revenu des compagnies et des nantis. Tout le contraire de ce que la population souhaite et totalement à l'opposé de ce qui se fait aux États-Unis, dans le reste du Canada et du monde. Aux States, vous le savez, il n'y a pas de TPS fédérale et plusieurs États n'ont pas de TVQ ou très peu. Ce pays très performant économiquement tout étant la plus puissante force économique au monde préfère utiliser l'impôt sur le revenu comme politique fiscale, mais pas nos zesperts. Même si le Québec est l'endroit en Amérique du Nord qui a, et de loin, la plus grosse taxe à la consommation provinciale ou étatique (9,5%), ils trouvent que ce n'est pas suffisant et ils veulent saigner la classe moyenne avec enthousiasme en l'augmentant encore une fois et même doublant cette taxe très régressive quoiqu'ils en disent et à l'encontre de leurs prétentions prétentieuses.

Ah ben, l'ami Alain Dubec a pondu cette perle rare, une autre, dans La Presse du 9 mars 2015 : «La Scandinavie à géométrie variable». Comme Luc Godbout dans Le Devoir du 8 mai 2013, Alain Dubic nous dit que la TVQ ou TVA en Europe est de 25% en Suède, en Norvège, en Finlande et au Danemark. Voilà donc un argument de poids qui justifierait d'augmenter considérablement la TVQ au Québec. Ça vous fait une belle jambe. Messieurs, ces pays sont souverains et le Québec n'est qu'une province. Cela a un gros impact sur le choix des politiques fiscales. Et puis, eux qui nous disent habituellement qu'il faut se comparer aux States et à l'Ontario qui sont nos voisins et nos compétiteurs, voilà que maintenant il ne faut pas prendre le mauvais exemple des États-Unis et de l'Ontario. Et voilà qu'ils vont chercher tout d'un coup leur modèle à l'autre bout du monde et prennent comme exemple la Norvège qui a mille fois plus de programmes sociaux qu'au Québec. Faut tout de même le faire.

Dans leur analyse, les commandités ont toutefois omis de dire des choses, comme en Suède le taux global et maximal sur le revenu est de 57% contre 48% au Canada (Ca magazine avril 2013). En pourcentage du produit intérieur brut, les impôts sur le revenu des particuliers représentent 11% du PIB au Canada, 13% en Finlande et en Suède selon les données de l'ONU pour 2012. Ils ont aussi oublié de mentionner (ils ont définitivement une mémoire très sélective, c'en est même suspect) qu'en pourcentage du PIB, l'impôt sur le revenu des compagnies est de 2,9% au Canada contre 10,4% en Norvège, toujours selon les données de l'ONU pour l'année 2012. Oui, les pays scandinaves ont des grosses taxes à la consommation et également des impôts sur le revenu des particuliers et des compagnies souvent plus élevés qu'au Québec, mas ils ont nettement plus de services publics, ce que nos tartuffes appellent ici des vaches sacrées, qu'au Canada et que dans notre belle province. Aucune comparaison n'est possible au niveau des garderies et de l'école et de l'université gratuites incluant les repas et les effets scolaires sauf à l'université. Oui, les Québécois seraient prêts à payer autant de taxes et d'impôts qu'en Scandinavie, mais avec en retour les mêmes superbes programmes sociaux que là-bas. Et les compagnies itou seraient prêtes à payer beaucoup plus. En Norvège, leur puissante société d'État pétrolière Norsk Hydro-Statoil verse tous les profits dans un fonds d'investissement public alors qu'ici, au lieu de servir à financer nos programmes sociaux, Hydro-Québec, notre société collective finance les multinationales étrangères en achetant de l'électricité que l'on a pas besoin et accorde des tarifs privilégiés très bas à ces mêmes compagnies allant des alumineries aux cimenteries.

Alain Dubuc et les «bonnes» directions

Dans sa chronique du 9 mars 2015, Alain Dubuc, tirant dans les «bonnes» directions que lui-même sélectionne, a dit formellement que : «Par exemple, on ne parlera pas souvent du fait qu'en Suède, les patients doivent payer un ticket modérateur de 15$ à 30$ selon les régions pour une visite chez le médecin. Parce que c'est perçu ici comme une hérésie». Comme Alain, tu considères comme une hérésie toutes personnes qui suggèrent d'augmenter les impôts des compagnies et des nantis et de couper dans leurs innombrables abris fiscaux.

Pourtant, dans une opinion publiée dans La Presse du 13 novembre 2014, la professeure Marie-France Raynault de l'Université de Montréal, qui a rédigé le livre «Le bon sens de la Scandinavie», a mentionné dans son texte intitulé : «Légendes suédoises» que : «Une autre légende urbaine est la question du ticket modérateur, qui existe bel et bien, mais qui s'apparente à la franchise de l'assurance-médicaments publique québécoise. Les frais sont rapidement plafonnés, et les femmes enceintes et les enfants en sont exemptés». Alain, je comprends que tu veux servir honorablement la juste cause de tes souteneurs, mais juste un peu de rigueur te ferait grand bien et à tes lecteurs encore plus.

Alain, dans tes réalités scandinaves à géométrie variable, tu as oublié de dire qu'il y a, toujours selon l'ONU, 21 médecins par 10 000 habitants au Québec contre 39 en Norvège, 36 en Suède et 33 en Finlande. Ça fait qu'ils ont plus facilement un médecin de famille et que leurs urgences sont vides. Ils n'attendent pas une éternité avant de se faire opérer.

Tarifs d'électricité, Pineau, Dubuc et La Presse

Un autre zespert est le professeur des HEC de Montréal Pierre-Olivier Pineau dont la chaire en énergie qu'il dirige est financée et commanditée par des compagnies pétrolières. Mais, il se dit quand même indépendant d'esprit. On te croit Pierre-Olivier. Titulaire d'une chaire universitaire en énergie et Power Corp., la compagnie-mère de La Presse, qui justement a de gros intérêts économiques dans des compagnies énergétiques comme Total et Gaz-de-France-Suez, et ben ça fait que les deux vont bien ensemble et sont faits pour s'entendre. À cet effet, l’universitaire « indépendant » Pierre-Olivier Pineau dans sa énième opinion parue dans La Presse, répétant, comme il se doit, la même ritournelle voulant qu’il faille augmenter drastiquement, au juste prix courant, les tarifs d’électricité des particuliers (mais pas les tarifs très privilégiés des compagnies et pas d’arrêter d’acheter de l’électricité éolienne payée au gros prix et produite par des compagnies énergétiques du genre de celle qui financent sa chaire. Électricité que l’on n’a absolument pas besoin). Bizarre comme les grands esprits se rejoignent puisque Alain Dubuc pense la même chose que Pierre-Olivier des HEC : « Le modèle Norvégien » (La Presse, 25 avril 2014). Donc, si je comprends bien, nos zamours de zesperts militent « scientifiquement » pour d’importantes hausses de la TVQ et des tarifs d’électricité et pour des baisses d’impôts significatives aux nantis et aux compagnies. Supposément très emballant pour la classe moyenne, mais ce n’est pas pantoute ce qu’elle veut. Pas ben grave, le « surdoué » et « l’érudit », dixit La Presse, Philippe Couillard l’a dit, le plus sérieusement du monde, au cours d’une entrevue exclusive avec nos amis de La Presse : « Non, la majorité n’a pas toujours raison... Le courage politique consiste à affirmer et à maintenir des positions différentes si elles s’appuient sur des principes profonds » (La Presse, 12 janvier 2013). Monsieur Couillard, si la majorité n’a pas toujours raison, qu’en est-il d’une certaine minorité? Rarement vu quelqu’un d’aussi vaniteux et d’aussi suffisant. Le monsieur se targue de faire le contraire de ce que la majorité veut. Mais, il faut dire à sa défense que la majorité c’est juste du monde ben ordinaire.

Le pétrole au Québec et la Norvège

Pour nous convaincre de forer rapidement et sans études environnementales, les dirigeants de la binerie Junex et la patronne des Chambres de commerce nous exhortent de procéder en Gaspésie, sur l’île d’Anticosti et ailleurs au Québec à l’exploration de pétrole et de gaz afin de devenir aussi riche qu’en Norvège même si ici au Québec le gouvernement va encaisser de minimes redevances des firmes privées sur lesquelles il faudra soustraire les subventions (ne restera pas grand-chose, s’il en reste comme dans le cas des mines au Québec) comparées à la gigantesque société d’État norvégienne Norsk Hydro-Statoil dont les profits sont versés dans un fonds public pour les générations futures qui dépassent les 500 milliards $ aujourd’hui : « Le pétrole socialisme responsable » (La Presse, 18 février 2011). Tellement « cheap » et avilissants comme comparaison et comme arguments que ça frise le mépris du monde ordinaire :

— « Pétrole : penser comme la Norvège » (Journal de Montréal, 18 août 2013). Françoise Bertrand, présidente des Chambres de commerce du Québec. Mais, pour madame Bertrand, il ne faut surtout pas penser comme la Norvège en terme de programmes sociaux : « Au Québec, des programmes sociaux trop généreux, selon le patronat » (Le Devoir, 17 février 2014). Une chance que la dame ne vit pas en Scandinavie. Elle ferait bien une syncope

— « S’inspirer du modèle norvégien » (La Presse, 4 octobre 2013). Jean-Yves Lavoir, président du conseil de Junex

— « L’exemple scandinave » (La Presse, 14 mai 2013). Jean-Sébastien Marcil, directeur de l’exploitation chez Junex.

En passant, mes camarades zesperts, en Scandinavie, le taux de couverture syndical dépasse 80 % contre 39 % au Québec. Si on veut faire comme eux, va-t-on incorporer cet élément dans votre modèle de société ou seulement ce qui vous intéresse? La Scandinavie est aussi beaucoup plus égalitaire en termes de répartition de la richesse que le Québec. Vous pensez vraiment que l’on va rétrécir les odieuses inégalités de la richesse au Québec en haussant considérablement la TVQ et les tarifs d’électricité, comme vous le préconisez? Vous savez bien que cela va au contraire les accroître.