Réplique à Philippe Navarro

Québec capitule ?

Qui a capitulé en 1759, le peuple ou l’autorité politique monarchique ? Qui capitule aujourd’hui ?

Tribune libre 2009


Philippe Navarro auteur de l’opinion publiée dans La Presse du 2009 01
30 intitulée « [Une victoire de Montcalm n'aurait rien
changé->http://www.cyberpresse.ca/opinions/forums/la-presse/200901/30/01-822463-une-victoire-de-montcalm-naurait-rien-change.php]

» omet de mentionner dans ses titres, outre sa maîtrise en sciences
politiques et ses anciennes fonctions d’attaché politique du Parti
québécois, le fait qu’il soit aussi auteur de… science-fiction. Cela aurait
pu mieux expliquer que sa fiction historique n’est pas nécessairement
validée par ses expertises politiques, mais par une imagination débordante,
bien qu’univoque. Je ne saurais pas être juge de ses qualités d’auteur de
science-fiction, mais je ne vois pas pourquoi il faudrait accorder quelque
crédit à ses élucubrations politiques qui feraient de la Conquête, une
Conquête qui n’aurait pas eu lieu comme le prétend le ex-Vice-prince
consort John Saul, parce qu’il y aurait plutôt eu Cession. Comme si un
peuple pouvait être objet de Cession ! ? Qu’elle ait été évitable ou non,
ne pas poser la question de principe existentielle de la Cession en ne
considérant que les contingences fictionnelles n’est-il pas abonder dans ce
refus de l’être collectif congruent que nous sommes, dans un État qui
unilatéralement s’impose sans se nommément soumettre aux voix du peuple
démocratique et souverain du Québec ?
« Avec des Si on mettrait Paris dans une bouteille » (1)
Ainsi, on peut revenir dans le temps et changeant une variable, on peut à
loisir changer, ou pas, le cours de l’histoire. Ici, M. Navarro change une
variable en conservant constant toutes les autres, ce qui fait d’un sens
unique politique une impasse. Il en profite pour affirmer que cette seule
variable ne pouvait faire changer le cours de l’histoire. C’est notre
destin d’être objet de Cession ? Rien n’a pu et ne pourra nous en faire
changer… C’est du moins ce que s’évertuent à nous faire croire un Canada
d’élites canadianisatrices depuis 250 ans, à grands renforts de fictions
historiques. Ce n’est pas ce que dit l’auteur Navarro, mais ce que dit bien
le fait qu’il soit publié dans La Presse partisane et propagandiste.
En quoi cela peut-être utile ? Cela ne peut l’être que pour prouver que
notre histoire est une affaire de destin. Tant qu’à faire, nous n’avons que
peu de prise sur lui. Autant ne rien faire qui puisse en changer le cours
si même vainqueur Montcalm n’y aurait rien pu changer. Cette histoire de
destin qui nous a fait Ô bonheur, vivre non plus sous la méchante monarchie
française, mais bien sous l’honorable et bienveillante tutelle britannique
qui toute souriante, affiche serrer tout sourire la main d’un Montcalm
pareillement ravi. Une ravissante tutelle qui aura assassiné 1/7 de nos
populations sans compter l’Acadie, - qui soit dit en passant était partie
de la Nouvelle-France - une tutelle bienfaitrice qui nous aura été tant et
si profitable… La preuve nous sommes si bien portants.
Comme si nous n’avions pu nous développer sans être objet forcément cédé,
cette prédestinée Cession qui nous a tout donné, le commerce ouvert sur la
Nouvelle-Angleterre, la démocratie, l’imprimerie, les briques… etc. Comme
si, sans la Conquête, nous n’aurions pu évoluer et fabriquer des briques.
Comme si la Révolution française survenue seulement 30 ans plus tard, ne
serait pas parvenue à vous donner ici la démocratie, l’imprimerie, voire
les briques. Comme si, nous n’aurions pu à l’instar des États-Unis obtenir
notre indépendance de la France. Comme si… bref… tout était inévitable, le
Canada est inévitable et il importe d’éviter d’en sortir. N’est-ce pas ce
que les canadianisateurs amateurs de statu quo nous invitent à faire et
penser ? N’est-ce pas ce qu’ils nous pressent de faire ? Cela en publiant
les auteurs d’histoire-fiction qui fait bien leur affaire, s’ils ont été
souverainistes, c’est encore mieux ! Instrumentalisation dites-vous ?
Notre destin de peuple cédé aux britanniques est le meilleur. Le pire
aurait été d’être cédé aux États-Unis, forcément il nous aurait assimilés…
La belle affaire ! Et l’on va répétant sans rire et du même souffle que le
nationalisme est une tare dépassée et tribale ! Il n’y aurait de moderne
que les grands ensembles, sauf celui qui ferait du Canada une partie des
États-Unis ! Un peu de congruence que diable !
Voyons voir ce qu’il en est des fabulations d’histoire-fiction de M.
Navarro.

SI, les armées du Roi de France, Louis XV, n’avaient pas sous Montcalm
perdu la bataille du 13 septembre 1759, serions-nous ou pas, Britanniques
devenus ? Pour le savoir, disons d’abord que Montcalm ait perdu ou pas la
bataille ne compte pas vraiment, nous sommes d’accord. Ce qui compte c’est
qu’il soit mort. De ce que l’on sait, on aurait compté que ± 137 morts du
côté français sur les ± 12 000 hommes de Montcalm. On est loin d’une
défaite décisive. Après la défaite, contrairement à ce que l’on peut penser
dans le raccourci mémoriel des Québécois, les Armées anglaises n’ont pas
pour autant pénétré les fortifications de Québec. Pour cela il faudra
attendre la capitulation, survenue cinq longs jours plus tard.
En fait, la question est, non pas tant de savoir si la bataille gagnée par
Montcalm aurait pu changer le cours de l’histoire, mais bien de savoir
comment, si la capitulation de Québec n’avait pas eu lieu, cela aurait-il
pu changer le cours de l’histoire ? En effet, si Québec n’avait pas
capitulé, Lévis aurait pu vaincre les armées britanniques comme il l’a fait
le 28 avril suivant peut-être avant, voire Montcalm s’il n’était pas mort.
Ces Forces armées britanniques auraient-elles pu passer l’hiver à Québec en
ces cas, on en doute. Et, même après la mort de Montcalm, cette victoire de
Lévis aurait été décisive parce qu’à contrario elle n’a pas eu d’effet
étant donné que, ayant capitulé, Québec, sa place forte, ses fortifications
et ses canons étaient occupés par les Anglais qui ont ainsi pu tenir tout
l’hiver et se contenter, repliés dans Québec assiégée par les français,
d’attendre les renforts venus seulement le printemps suivant le 16 mai
1760.
Québec n’ayant pu être prise en 1759, la question est : aurait-elle été
aussi attrayante pour les Anglais ? Se seraient-ils à nouveau risqués en
1760 après la défaite de Phipps de 1690, celle de Wolf en 1759, à nouveau
de tenter de l’envahir. Comment auraient-ils pu croire que Québec était
prenable ? Imprenable, le Saint-Laurent jusqu’aux Grands Lacs aurait-il été
pour autant si essentiel au développement de la Nouvelle-Angleterre et à la
victoire de la Guerre de Sept ans ?
La question est, en ce qui nous concerne : que s’est-il passé pour que
Québec capitule ? Que s’est-il passé pendant l’agonie de Montcalm et après
sa mort pour que, on ne sait pas qui l’a fait, Québec négocie sa
capitulation ? Le général Townshend relate qu’un « parlementaire » est le
17, quatre jours après la bataille, venu lui présenter un projet de
capitulation avec conditions, finalement signé à 8h le 18 septembre 1759 (
D’après : Jacques VAILLANCOURT – Vigile - [L’étrange capitulation de
Québec du 18 septembre
1759->http://www.vigile.net/L-etrange-capitulation-de-Quebec]
Voir
aussi : [Archives du Canada de
1905->http://www.geocities.com/vailcour/File0172quecap.html]
)
Privés de chef, le Gouverneur Montcalm étant mort le lendemain de la
bataille du 13, qui en Québec retranché dans ses enceintes a pris la
décision d’offrir une capitulation avec conditions ? Forcément un groupe de
personnes qui ont dû discuter ferme pendant quatre jours, sans chef pour
trancher et assumer la décision dans la chaîne de commandement en rupture.
Quels étaient les pour et les contre, qui a participé aux discussions ?
Quelles informations avaient-ils à leur disposition pour prendre leur
décision ?
Que nos romanciers ne se sont-ils pas emparés avant de cette page oubliée
de notre histoire ? Que n’est-ce pas ce qui s’est discuté entre le 13 et le
17 septembre 1759 qui sera mis en lumière et en scène cet été 2009 ? Au
lieu d’une bataille qui ne compte pas ? Si elle ne compte pas ? Pourquoi
tant tenir à la re-constituer ? Pourquoi les canadianisateurs se font un
devoir « vernerien » d’y assister ? ( La Presse-2009 01 30 - [Bataille
des Plaines: Verner dit qu'elle ne pliera
pas->http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/200901/30/01-822703-bataille-des-plaines-verner-dit-quelle-ne-pliera-pas.php]

)
Manifestement les informations à Québec n’étaient pas celles du général
Townshend qui avouait candidement dans son rapport au Monarque britannique
« Considérant l’ennemi qui se rassemble derrière nous, et ce qui est
beaucoup plus grave, la saison pluvieuse et froide qui menaçait nos troupes
de maladie et notre flotte d’accident, je me flatte que Sa Majesté
approuvera les conditions que nous avons accordées.
» À moins que nous
ayons eu affaire avec de piètres stratèges ?
Québec était loin d’être prise malgré la supposée victoire de Wolf,
Townshend avouait aussi recevoir le parlementaire français « avant
qu’aucune batterie ne fut érigée, ce que nous ne pouvions faire que dans
deux ou trois jours
». Ainsi, la situation était loin d’être désespérée.
Défaite en bataille ou capitulation précipitée de Québec
Pourquoi avoir capitulé alors que les britanniques se sentaient si menacés
? Qui a pris la décision de capituler, certainement pas le chevalier de
Lévis ? Qui donc ? Et pour quelle raison, avec quelle information et
intelligence de l’ennemi ? Probablement pour la même raison je suppose que
celle invoquée par M. Navarro. Les français de Nouvelle-France, prenant
acte de l’abandon de la France, acte d’une population anglaise voisine dix
fois supérieure en nombre, auront cru inévitable que la Conquête survienne,
tôt ou tard. Autant en tirer le meilleur parti maintenant et s’assurer que
la noblesse française puisse retourner en France sans encombre…
Maintenant, qu’est-ce qui aurait pu vraiment changer l’histoire ? À cela,
une seule réponse : une lignée de Souverains de France intéressés comme l’a
été l’Angleterre pour la Nouvelle-Angleterre, à peupler et développer la
Nouvelle-France. Ce qui n’a pas été le cas et cela n’a rien à voir avec la
Guerre de Sept ans. Pourtant, l’immigration d’à peine ± 400 colons français
de plus, dès les débuts de la colonie, aurait pu nous faire en 150 ans,
deux fois moins nombreux que la population de Nouvelle-Angleterre au lieu
de dix fois moins. ± 800 colons de plus nous aurait fait de population
égale. Ce qui aurait pu changer la donne et faire de l’Amérique une
Amérique essentiellement française… Enfin, québécoise… puisqu’on peut
supposer qu’à l’instar des États-Unis, et à la faveur de la Révolution
française peut-être, nous aurions pu nous aussi nous affranchir de l’amère
patrie.
Tout ça… c’est de l’histoire-fiction… À une nuance près, la mienne ne nous
fait pas prisonniers d’un destin qui nous ferait d’obligés prisonniers de
l’État du Canada, contrairement à celle de M. Navarro… Un État qui s’impose
d’autorité, sans rupture d’avec celle qui de force, par la bombarde, la
mitraille, l’incendie, le meurtre de civils, le viol des campagnes et des
villages des côtes du Saint-Laurent, de l’Acadie du nettoyage ethnique à
Montréal menacé du même sort, nous fait toujours vivre dans un État qui
n’émane pas du peuple et qui n’a jamais été nommément soumis à
l’approbation démocratique du peuple souverain du Québec.
Ce peuple d’abord abandonné par la France, ensuite abandonné par la
majorité des ses élites aristocratiques, et marchandes, a survécu à la
Conquête et à l’assimilation programmée d’office. Un peuple né distinct du
peuple de la France le 13 septembre 1759, moment charnière d’où découle
toute notre histoire. Un peuple qui jamais n’a accepté, qui jamais
n’acceptera et qui n’accepte toujours pas de n’être qu’un objet. Qu’un
objet de Cession qui en ferait la propriété d’un Souverain ou d’un autre,
s’échangeant des territoires cédés ou ravis. Qu’un objet dans le grand jeu
Canadian qui sera mis en scène cet été.
Qui a pris entre le 13 et le 17 septembre 1759 la décision d’offrir aux
Armées britanniques une capitulation avec conditions, et avec quelles
informations ? Le peuple ? Les notables civils ? L’aristocratie française
en place, des militaires français, des mercenaires autrichiens sous
bannière française ? Tous, ou quelques-uns ? Il est fort à parier que ce
furent les élites et sans consulter le peuple.
Le Québec de l'espace-temps suspendu du 13 au 17 septembre 1759
N’en sommes-nous pas au même point de l’histoire… proche de la victoire,
nous demandant, sans toute l’information suffisante - celle-là étant sous
la coupe de médias de masse partisans et propagandistes - comment parvenir
à durer, convaincus que nous n’aurons jamais de renforts extérieurs,
comptant donc sur nos seuls moyens ? Or, comme hier, l’État qui nous
gouverne ne se soumet pas aux voix du peuple souverain, il s’impose
d’autorité unilatérale, en vertu de l’autorité que lui confère les voix de
quelques juges de Cour, de Cour suprême d’un Empire monarchique de droit
divin et de sa Souveraine, un État du Canada, jamais fondé par le peuple
démocratique et souverain.
En somme, peu importe les batailles, ce qui compte c’est ce que nous
ferons de nous, entouré de conditions hostiles, envahissantes.
Capitulerons-nous, ou tenterons-nous d’exiger que l’État qui nous gouverne,
quel qu’il soit ou sera, de se soumettre aux voix du peuple ? Sera-t-il
toujours celui qui s’impose d’autorité ou de force comme l’est bel et bien
l’État du Canada, ou sera-t-il celui qu’on espère conforme à notre libre
volonté de « choisir notre destin ». Un État tel que nommément et
démocratiquement fondé par NOUS, le peuple démocratique et souverain du
Québec. Ce qui n’est pas le cas du Canada ! Un État qui s’impose
d’autorité, et en cela, direct héritier des Conquérants vainqueurs de la
bataille du 13 septembre 1759.
En somme, qui a capitulé en 1759 ? Le peuple ou la volonté politique
autocratique imposée d’autorité ? Aujourd’hui, qui capitule ? Le peuple ou
ses autorités politiques et économiques ? Forcément ce n’est pas le peuple
souverain du Québec, puisqu’il n’a jamais été appelé à se nommément
prononcer à l’égard de l’État du Canada qui impose unilatéralement et sans
rupture sa loi constitutionnelle depuis la Conquête et cela en vertu d’une
supposée Cession. Comme si un peuple pouvait être objet de Cession !
Ne sommes-nous pas toujours entre le 13 et le 17 septembre 1759, en train
de discuter ce que nous devons faire après la bataille perdue de Montcalm,
250 ans après sa mort ? Les uns prônant un destin inévitable de tutelle
bienfaitrice, les autres comme Lévis, déterminés à défendre la liberté et
la souveraineté du peuple. Certes les capitulards on gagné en 1759. Mais le
peuple de Nouvelle-France lui, n’avait pas été réuni ni consulté.
Manifestement, peut-être serait-il temps de lui demander. Demander au
peuple souverain du Québec si l’État actuel du Canada lui convient.
S’il ne lui convient pas, quel État veut-il ? Manifestement, ce qu’il
désire, c’est un État qui émane de lui, un État du peuple souverain du
Québec, « libre de choisir son destin », librement, hors les menaces de
représailles, la bombarde et la guerre. Cela serait une vraie
Re-Constitution. En attendant, un Canada du statu quo de blocage veut nous
présenter une reconstitution de pacotille qui n’est rien d’autre qu’une
histoire-fiction de poignée de main tout sourire, qui fait impasse sur une
Cession qui n’a pas lieu d’être. Un peuple ne saurait être un objet de
Cession et pour cela tenu en tutelle, sous la menace de représailles qui ne
sont toujours que l’avatar d’une Conquête qui n’a rien de démocratique...
250e anniversaire de l’accession du peuple souverain du Québec au
concert des nations

Cela dit, l’arrogance canadianisatrice est tout ce qu’il nous faut pour
revisiter comme jamais notre histoire. Sans ce projet de Re-Constitution de
Batailles, nous ne serions pas comme maintenant à revisiter notre histoire
comme jamais nous ne l’avons fait auparavant. Cette levée de bouclier de
multiple couleur n’aurait pas cours. C’est l’une des raisons qui me fait
douter de la demande relative à son annulation. Annulée, tout s’écroule. Il
ne faut plus demander ni même exiger l’annulation d’une Re-Constitution de
pacotille. Il ne nous faut plus rien demander. Il nous faut en profiter
pour être ce que nous sommes. Le peuple démocratique et souverain du
Québec, libre de choisir son destin. Il nous faut célébrer ce que n’ose
célébrer le Conquérant. Nous nous pouvons célébrer notre fière existence.
Nous pouvons faire de cet instant de guerre entre deux Empires conquérant
concurrents, un mouvement de la paix du peuple, celle qu’il impose pour lui
est ses enfants en investissant pacifiquement ses rues manifestant sa voix.
Quels ressorts mobilisateurs auront nous pour ce faire dans une annulation
obtenue ? Quoi d’autre que le rien et le vide du banal quotidien de
l’indifférence ? Qu’obtiendrions-nous en exigeant toujours une annulation
qui n’advient pas, sinon le spectacle de notre impuissance ? Quoi de mieux
que de manifester notre puissante et souveraine existence né d’une bataille
perdue par un Souverain de France déchu par son abdication de fait ? Quoi
de mieux que de la manifester cette souveraine, saine et bruyante
existence, devant le monde réuni ici ou nous observant de partout pour
l’occasion, même à distance ? Célébrons là, toutes couleurs déployées,
puissante n’exigeant rien d’autre qu’un État du peuple souverain, émanant
du peuple démocratique. Une leçon d’histoire. L’Histoire d’une rupture de
ton, d’une rupture paradigmatique, d’une rupture de sens qui fait d’une
Conquête une Cession qui n’a jamais eu lieu. Un peuple ne saurait être un
objet de Cession.
NOUS, le peuple, NOUS, le peuple démocratique et souverain du Québec, nous
sommes né distinct du peuple de France le jour où notre Souverain de
France, ce peuple dont nous étions une partie en Nouvelle-France, n’a plus
été le nôtre, parce qu’il a abdiqué son devoir premier de protéger son
peuple contre l’envahisseur, il y aura de cela 250 ans le 13 septembre
1759. Une grande manifestation pourrait célébrer cet accouchement dans le
sang versé de l’amère patrie pendant les reconstitutions des batailles de
Québec du 30 juillet au 2 août 2009.
NOUS, le peuple démocratique et souverain du Québec, nous pourrions
investir Québec. Nous pourrions occuper pacifiquement ses enceintes. Comme
nous aurions dû le faire en 1759, sans capituler. Comme un signe de rupture
d’avec notre passé sur lequel on se penche aujourd’hui. Si nos élites ont
capitulé le 18 septembre 1759, cela n’a pas eu d’effet sur NOUS, nous le
peuple toujours vivant et souverain, sans Souverain, depuis le 13 septembre
1759. Le nôtre il a abdiqué de fait, et sinon, il est mort par Montcalm et
procuration le 14 septembre sous le feu britannique.
Il nous faut faire l’unité du peuple souverain du Québec, pour cela il
nous faut encore discuter. Peu importe ce que nous décideront nous devrons
le faire dans l’unité. Non dans la pagaille et la division. C’est tout ce
qu’ils espèrent de nous. Nous diviser en espérant que nous offrirons le
spectacle de leur oeuvre.
Nous sommes un peuple. Nous sommes un. Les uns et les autres doivent
trouver comment devenir un. Un peuple. Debout. Les timorés devront se
mobiliser, les mobilisés devront trouver comment mobiliser tout un peuple.
Et non pas se mobiliser sans lui. Le temps est compté et nous en sommes
toutes et tous comptables. Il ne faut pas le perdre en pagaille.
De ces enseignements de l’histoire, toutes fictions confondues, y compris
celle des patriotes isolés en quelque tranchée, nous pourrions établir des
bases nouvelles qui nous permettraient de fonder l’État du peuple
démocratique et souverain du Québec, sur le peuple et par le peuple, un
peuple uni. Même 250 ans plus tard, comme dans un espace-temps suspendu qui
nous fait être toujours et encore entre le 13 et le 17 septembre 1759,
isolés dans nos bastides, discutant ce qu’il convient de faire. Et, ce
n’est pas sûr cette fois que consulté nommément, ce peuple uni, fera comme
ses élites en offrant sa capitulation. L’avenir le dira…
Quant au passé. Il n’est que ce que nous sommes par lui devenus. En cela
et pour cela, il nous ressemble et rassemble.
La question est aujourd’hui pour nous : voulons-nous, NOUS, le peuple
maintenant démocratique et souverain du Québec, lui ressembler et accepter
de nous soumettre à un destin qui a fait de nos élites des capitulards ?
La question est aujourd’hui pour le Canada : le peuple démocratique et
souverain du Canada, veut-il ressembler encore à ce qui l’a fondé sur la
contrainte et la Conquête britannique, et toujours par ses élites
politiques s’imposer d’autorité et de force, par les menaces de
représailles, les manipulations commanditaires, le refus de respecter les
lois référendaires de l’Assemblée nationale, et une unilatéral rapatriement
de sa Constitution, contre la volonté libre du peuple souverain du Québec ?
Ce qu’est toujours le Canada unilatéral de 1982. Est-ce cet État-là que
veut fonder le peuple souverain du Canada et dans lequel il désire vivre et
nous contraindre à vivre ?
Si c’est le cas, nous ne capitulerons pas. Nous serons dans la rue cet été
2009, car nous sommes toujours le 17 septembre 1759 et personne ne viendra
au nom du peuple souverain du Québec, offrir les conditions d’une
capitulation qui ne viendra pas. Cela, parce que nous opérons maintenant la
rupture d’avec un passé guerrier auquel le peuple n’a jamais été convié et
auquel il n’a jamais consenti librement. Nous ne sommes plus sous la
dictature monarchique d’État conquérants, nous sommes un peuple
démocratique, pacifiste et souverain.
Nous,

Nous sommes,

Nous sommes un,

Nous sommes un peuple,

Nous sommes le peuple démocratique, pacifiste et souverain du Québec.
__________________________
[1] Suppositions
Si la Tour Eiffel montait

Moins haut le bout de son nez,

Si l'Arc de Triomphe était

Un peu moins lourd à porter,

Si l'Opéra se pliait,

Si la Seine se roulait,

Si les ponts se dégonflaient,

Si les gens se tassaient

Un peu plus dans le métro

Si l'on retirait des rues

Les guéridons des bistrots,

Les obèses, les ventrus,

Les porteurs de grands chapeaux,

Si l'on ôtait les autos,

Si l'on rasait les barbus,

Si l'on comptait les kilos

A deux cents grammes pas plus

Si Montmartre se tassait,

Si les trop gros maigrissaient

Si les tours rapetissaient,

Si le Louvre s'envolait,

Si l'on rentrait les oreilles,

Avec des Si on mettrait

Paris dans une bouteille
Poème de [Jacques
Charpentreau->http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Charpentreau]
(né en
1928) illustrant un proverbe français.
« Mots et merveilles » - Éditions SGPP, 1981 ( [Lieu
commun->http://lieucommun.canalblog.com/archives/2008/04/01/11096744.html]

)
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 février 2009

    @ André Lacombe-Gosselin - Cuervo #115, Lomas del Mar Mazatlán, Sin. MEXICO
    AUX ARMES CITOYENS ! André Lacombe-Gosselin
    Nous écrivez-vous du Mexique sembe-t-il.
    Du calme cher monsieur le va-t-en guerre. ;-)
    Je pense que vous n'avez pas bien compris le sens de mes propositions. Attention au coup de chaleur. Ici on a les idées plutôt froides, comme l'air qui nous environne mais cela ne veut pas dire que nous sommes assoupis.
    Nous travaillons très fort pour ne pas répondre à la provocation par une réplique insensée qui nous ferait tomber une fois encore dans le piège des armes et des armées.
    Je pense que ce peuple a prouvé par sa seule survivance et patiente re-constitution sur les ruines d'une société conquise et désertée par ces élites, qu'il pouvait bâtir démocratiquement et pacifiquement son émancipation sociétale, économique et bientôt politique, seul au monde et abandonné de toutes les autres nations du monde. Ce n'est pas le temps de penser même, prendre les armes. Nous avons beaucoup mieux à faire.
    Et merci pour votre appui. Oui, nous pouvons participer au lancement d'une entreprise pacifiste et démocratique de rapatriement de notre souveraineté commémorative et historique. Comme premier mouvement d'un rapatriement encore plus substantiel. Fonder un État du peuple souverain du Québec qui émane nommément de lui. Peut-être aussi en passant par l'invalidation de tout État qui ne se serait pas nommément soumis aux voix de ce peuple du Québec démocratique donc, souverain.

  • André Lacombe-Gosselin Répondre

    2 février 2009

    REVIVRE “à rebours” LA BATAILLE DES PLAINES D’ABRAHAM
    En lisant les commentaires des lecteurs du DEVOIR, je suis content d’apprendre que la bataille de Québec / Sainte-Foy en 1760 a été gagnée par les Français et qu’un autre pan de notre histoire trouverait dans cette « provocante célébration » l’occasion de démontrer au ROC que nous ne sommes pas des vaincus mais des RÉSISTANTS PERPÉTUELS à l’anglicisation.
    REPRENONS POSSESSION des PLAINES d’Abraham en foutant DEHORS ce Canada hypocrite et menteur du territoire québécois.
    Dans www.Vigile.net , j'apprends aussi que les Plaines d'Abraham NOUS appartiennent déjà puisqu'elles seraient un cadeau d’Ottawa à la ville de Québec lors du 300ème anniversaire de sa fondation en 1908… mais alors expliquez-moi comment il se fait que j’y ai toujours vu le chiffon rouge unifolié flotter au dessus des mats et des édifices de ce parc??? Et la « Royal Canadian Mounted Police » s’y pavaner les jours de festivités ???
    René Lévesque a bien nationalisé Shawinigan Water & Power pour en faire HYDRO-QUÉBEC et Camille Laurin a fait adopté la Loi 101. Ce n’était qu’un début… CONTINUONS le COMBAT…
    Je propose donc : « Que, dans les plus brefs délais, l’ASSEMBLÉE NATIONALE du Québec PROCLAME "Le Parc des Champs de Batailles" et toutes ses dépendances, TERRITOIRE ET PROPRIÉTÉ du Québec sans compensation d’AUCUNE SORTE puisque nous l’avons déjá AMPLEMENT payé de la vie de nos ancêtres et de nos taxes ».
    CESSONS tout simplement d’ENVOYER nos impôts au GOUVERNEMENT FÉDÉRAL pour financer des événements qui ne nous conviennent ABSOLUMENT PAS!
    Si le gouvernement fédéral nous déclare la guerre pour autant, DÉFENDONS-NOUS comme bien d’autres pays dans le monde le font au prix de leur vie… Malgré mes 68 ans, je me porte volontaire! Avant d’aller combattre en Afghanistan ou ailleurs, rappelons ici TOUS nos soldats québécois déployés à travers le monde pour reprendre notre liberté aujourd’hui menacée par cette annonce de célébration IDIOTE.
    AUX ARMES CITOYENS!
    André Lacombe-Gosselin
    Cuervo #115,
    Lomas del Mar
    Mazatlán, Sin. MEXICO
    RELIRE s.v.p. le manifeste de Claude Bariteau, André Campeau & coll. « SORTIR le CANADA du QUÉBEC » publié Aux éditions Les INTOUCHABLES (Montréal 2002) 175 pages ISBN 2-89549-072-4

  • Archives de Vigile Répondre

    1 février 2009

    @ Daniel Sénéchal
    Oui, on pourrait établir différentes dates si l'on décidait d'en désigner une consacrant l'Acte de naissance du peuple souverain du Québec moderne, celle de la signature du Traité de Paris pourrait être la meilleure d'un certain point de vue, car elle consacre dans l'État officiellement l'abdication de fait de notre Souverain. Cette date apposée au bas du Traité de Paris, du 10 février 1763, pourrait certainement être soulignée dans ce contexte. Une chose est sûre, le peuple, ne l’a pas retenu comme étant autant chargée de mythes et d’émotions.
    Mais on pourrait aussi bien choisir celle du 13 septembre 1759. Pourquoi ? Parce que l'histoire aura retenu cette date plus que toute autre. Parce que de ce cette défaite des Armées de Louis XV tout le reste découle. Une date gravée dans nos mémoires, une date cruciale et est un moment charnière de l'Histoire. Parce qu'elle consacre l'effectivité concrète, charnelle, sanglante de cet abandon. Cet abandon qui s'était manifesté bien avant certes à maints égards dont celui de peupler le territoire. ± 800 colons de plus arrivés au début de la colonie nous auraient fait être seulement ± 2 fois moins nombreux que les Britanniques en Amérique et non dix fois moins nombreux. Ce qui aurait sans doute changé la donne.
    Une autre raison milite en faveur de cette date, c'est la catharsis qu’il nous faut faire quant à cette défaite qui nous fait être un peuple conquis. Pour nous en libérer il nous faudra certes fonder un État qui émane du peuple souverain distinct de tout autre, celui que nous sommes devenus par la Conquête. Mais quoiqu’il arrive, le fait d’investir ces lieux autrement que par la honte du conquis, la douleur du vaincu, me semble avoir pour effet de nous libérer des ces sentiments handicapants. Cet événement traumatisant entre tous est bien celui qui me semble devoir être pris d’assaut. En l’investissant d’un pouvoir nouveau qui se trouve à être l’exact contraire de ce que le Conquérant a voulu qu’il soit, notre écrasement, nous opérons par là même notre libération longtemps refoulé parce que traumatisant. En extériorisant ce souvenir présent mais passé sous silence nous libérons par là même une énergie coincée là depuis 250 ans. Cette libération émotionnelle qui nous fait passer de la honte, de la colère, à la joie d’être le peuple souverain que nous sommes, distinct de tout autre, libre de choisir son destin, nous affirmons l’exact contraire de ce que le Conquérant a voulu que nous intériorisions. Soit la honte, soit la rage. Avec les deux il a toujours su comment nous lier à lui et à son enfermement. La honte nous faisait son vassal, la rage nous faisait refuser l’État, nous faisait délinquants, facilement contré par la force des armes ou par celle d’inertie qui permet à l’État d’occupation de se maintenir sans autre conditions.
    En affirmant et célébrant le fait que nous sommes ce jour-là, dramatiquement né à notre moderne condition de peuple démocratique et souverain du Québec, nous invalidons de manière moderne l’étau qui nous enserre dans la LOI d’un État qui n’émane pas du peuple en proclamant que l’État moderne, celui qui a fait la rupture d’avec l’État autocratique monarchique de droit divin, doit obligatoirement émaner des voix libres du peuple souverain du Québec.
    Il s’agit de s’attaquer au nœud qui engorge notre libre respiration directement en se plaçant au centre de lui, pour en extirper le paralysant poison qui nous fait depuis 250 ans intoxiqué par la parole des armes. Nous lui opposerions la parole du peuple démocratique, pacifique et souverain du Québec jamais mieux qu’en affirmant qu’il est né au concert des nations ce jour même de ce que l’on a toujours retenu comme étant celui de notre asservissement.
    Voilà pourquoi je choisis délibérément cette date du 13 septembre 1759.
    N’est-ce pas le solstice d’hiver qui a été choisi pour célébrer la lumière, parce qu’aux jours les plus sombres, à ce moment charnière, c’est le début du retour progressif, lent, mais inévitable de la lumière. Pas étonnant qu’on en ait fait la célébration de la nativité…
    Catharsis :
    [PSYCHANALYSE] Libération émotionnelle liée à l’extériorisation de souvenirs longtemps refoulés d’évènements traumatisants.
    Selon Aristote, effet de purification des passions produit chez les spectateurs d’une représentation dramatique.
    Antidote
    PS
    Pour les fautes… désolé… je fais de mon mieux… en tentant de faire au mieux avec les moyens qui sont les miens et compte-tenu du temps qui est le mien.
    Oui, je pourrais être plus concis, mais la concision demande beaucoup de temps, de travail et un peu de talent, je suis à court des deux même si je suis un gros travailleur… Et, ne devient-on pas écrivain en forgeant. Ne forge-t-on jamais aussi bien qu'en écrivant. Un jour, à force, je saurai comment écrire de manière concise et sans faute… Et, je crois au contraire qu’il faut laisser couler le flot qui est contenu dans soi. Même si l’ébauche est insatisfaisante, elle existe. Ce qui permet ensuite d’avoir la matière utile permettant de faire une œuvre de substance qui soit un jour concise. Plus on écrit plus on fait de fautes, plus on fait de fautes plus on peut les corriger... Enfin... il y a bien des idées et la mode actuelle veut qu'on n'en déploie que une ou deux dans un même texte... Ça dépasse certe, ce n'est pas ce qu'il faut certes... mais bon... ça existe... et ça existe comme ça... dans toute son incomplétude... C'est comme ça... faut faire avec... ou sans...
    Prenons cela comme un travail en cours ( work in progress ). On peut sans mal passer outre si l’on ne veut pas être témoin de ce processus en cours. Ce que c’est du reste… Je ne me vois pas vraiment attendre la perfection, ou le beaucoup mieux avant d’être à la hauteur de ce que je pourrais un jour être. Je ne l’ai pas fait dans mon travail de peintre, de sculpteur ou de céramique… On ne se change pas… difficile pour moi de le faire dans cet art de l’écriture qui est nouveau pour moi… et que je tente de maitriser en le prenant comme les autres d’assaut…
    Dommage cependant qu’on ne puisse rééditer ses messages… ( un jour, quand nous aurons plus de moyens )
    Merci pour les infos concernant l’œuvre de M. Navarro.
    Il ne faut pas dénigrer M. de Chardin… d’autant qu’on peut se laisser inspirer par sa pensée en inventant tout autant à bon droit, l’exact contraire de ce que certains laissent entendre.