1759-2009 - 250 ans de bonheur canadian...

La victoire du Bloc souverainiste

Réplique à André Pratte - « Le devoir de M. Ignatieff » -

Tribune libre 2009

En cette année de controversée « commémoration » de la bataille du 13
septembre 1759, nous sommes au moment où j'écris ces lignes, la veille du
dévoilement demain 28 janvier 2009, de la stratégie canadienne à l'égard
non pas tant de son positionnement face à la crise économique du
capitalisme de spéculation, mais de celui à l'égard de ce qu'il convient de
faire avec les volontés du peuple souverain du Québec. Le Canada en
renvoyant Stéphane Dion à ses études, a fait la rupture d'avec l'époque
Trudeau qui lui a fait croire, en inventant un french power de pacotille,
que les effets de la Conquête pouvaient se régler en inventant une revanche
impérialiste au peuple du Québec qui serait propriétaire du Canada et des
rocheuses. Avatar désincarné du passé d'un peuple Conquérant partie du
peuple de France.
Ainsi, au moment où l'on aura pas le choix de célébrer la Conquête et ses
conséquences, le Canada met un clou dans le cercueil de cet ultime
succédané à la Conquête, en pensant que sans jamais nommément appeler le
peuple souverain du Québec à valider à l'État du Canada qui s'impose
d'autorité depuis la Conquête, le statu quo pourra s'imposer à l'usure
grâce à la distribution de quelques quignons de pains et la présentation de
grands jeux. Or, l'année des jeux est passée. Pourtant, toutes les
canadianisations du monde n'auront pas fait avancer la cause du Canada
auprès du peuple souverain du Québec qui n'adhère pas davantage à cet État
unilatéral qui refuse de bouger dans le sens de la volonté du peuple
souverain du Québec. Pire, 2009 sera l'année de l'Histoire, de notre
histoire que 250 ans de Conquête n'ont pas réussi à canadianiser. Le Canada
n'est toujours pas parvenu à conquérir nos coeurs. Il ne passe pas.
La fin du french power du charismatique Pierre Elliott Trudeau passe sans
doute inaperçue peut-être en raison des similitudes qui font d'Ignatieff,
son digne émule, créé par les dieux canadianisateurs à sa ressemblance.
Après avoir créé un demi-dieu depuis déchu, on se rabat sur une réplique
cette fois bien canadian. La question que se pose le Canada est de savoir
si le fac-similé pourra avoir autant de succès que l’original. Du moins
suffisamment longtemps pour durer encore sans avoir à faire la moindre
concession et opérer une re-constitution pourtant voulue par le peuple
souverain du Québec.
Ce pourquoi la tenue de la re-constitution de la bataille du 13 septembre
1759 a tant d’importance. Il s’agit d’en faire la seule re-constitution
qu’admet le Canada à ce jour. Celle qui fait du peuple souverain du Québec
un objet reçu d’une Cession librement consentie. Comme si un peuple pouvait
être objet de Cession.
La Coalition est voulue par les Québécois. Ils y voient une façon de faire
bouger des Institutions du Canada qui ne bougent pas. Ils y voient une
occasion de faire vivre la démocratie de la majorité. Cela est
insupportable au Canada. Si la démocratie d’en mêle, comment survivre à
l’invalidité qui le fait survivre sans nommément consulter le peuple
souverain du Québec, à l’égard de ce qui fonde l’État, à l’égard de ce qui
le constitue et le gouverne. Toute mesure de majorité ouvre la porte à
toutes les dérives.
Il est question donc de calculer ce qui pourra le mieux enfoncer le Bloc
québécois. Cela malgré ce qui pousse les démocrates, dont Ignatieff serait
partie, à favoriser la coalition contre la minorité conservatrice. Cela en
se fait pas sans mal. Devoir renoncer à ses principes, cela fut-il pour les
intérêts supérieurs de la nation comme le déclare André Pratte dans son
éditorial du 27 janvier intitulé « [Le devoir de M.
Ignatieff->http://www.cyberpresse.ca/opinions/editorialistes/andre-pratte/200901/27/01-821191-le-devoir-de-m-ignatieff.php]

». Celui-là, qui a favorisé l’élection des Conservateurs de l’activisme
affairiste d’une minorité financière qui compte bien tenir les rennes
encore longtemps et qui se trouvent à être ses employeurs. Pour eux,
Ignatieff n’a qu’à se coucher devant les Conservateurs.
Ce qui est plutôt rassurant. C’est dire le peu de confiance qu’ils ont en
lui. S’ils pouvaient être sûrs qu’il est en mesure de battre le Bloc, ils
lui demanderaient de défaire les Conservateurs pour aller en élection et
faire son affaire du Bloc. La question est, peut-il faire reculer les
appuis du Bloc québécois, maintenant ? C'est ce qu'on débat actuellement
dans les officines du pouvoir canadien.
Cornélien comme dilemme.
Car les canadianisateurs se heurtent toujours à la volonté du peuple
souverain du Québec. Celle-là favorise la Coalition. C’est le meilleur
moyen de gouverner ce pays sans être livré à la superbe des gouvernements
majoritaires d’un seul parti, et de se soustraire au gouvernement de la
minorité, comme c’est le cas de « notre gouvernement » Conservateurs. Dans
son discours du Trône, M. Harper le répète comme une incantation. Notre
gouvernement, comme pour s’en convaincre, comme s’il s’agissait de la
répétition publicitaire qui est le principe même de son succès. Comme si le
gouvernement de la minorité conservatrice était « Notre gouvernement »…
N’importe quoi !
Or, la Coalition fait du Bloc souverainiste les gagnants de l’affaire
comme. Dans tous les cas. Si M. Ignatieff refuse de défaire les
conservateurs, parce qu’il préfère préparer ses élections dans
l’opposition, il aura déçu les Québécois qui favorisent la Coalition. S’il
défait le gouvernement et qu’il y a élection. Il risque de devoir affronter
des Québécois qui réitéreront la situation actuelle qui leur convient très
bien. Nous voulons une coalition PLC-NPD, et non un PLC minoritaire
renouant avec sa superbe isolée au gouvernement. S’il lui est permis de
former un gouvernement de Coalition, il aura donné raison au Bloc.
Pourquoi le Canada est-il ainsi placé dans une situation aussi critique ?
Parce qu’il croit indéfiniment pouvoir s’imposer d’autorité sans bouger.
Cela ne fonctionne pas. Le peuple souverain du Québec rejette le Canada
actuel. S’il ne peut fonder l’État qu’il désire, le Canada ne peut
indéfiniment s’imposer de force. Il faudra qu’il bouge. Et, il ne veut pas…
conclusion… Statu quo. Ce que refusent les Québécois… Cela est
incontournable. Il faudra bien que le Canada bouge. Et… s’il ne bouge pas…
forcément il ne parviendra pas à emporter l’adhésion du peuple souverain du
Québec, peu importe ce qu’il fera. Ignatieff ou pas !
Cela dit… la prochaine bataille sera féroce. Le Canada est dans les
câbles. L’unité souverainiste doit être au rendez-vous. La mobilisation
totale. Ça tombe bien. L’annonce d’une année de re-constitutions
historiques est à l’évidence un facteur exemplaire de mobilisation
souverainiste. Il pourrait en fait s’avérer que celles-là provoquent
justement le goût de nous Re-Constituer vraiment, et non pas en tant
qu’observateurs d’un jeu qui ne nous concerne plus, mais en tant qu’acteur
constituant un État qui soit celui de l’État du peuple souverain du Québec.

La prochaine bataille sera celle qui verra le Bloc souverainiste remporter
une autre victoire contre les vains espoirs des nostalgiques du French
power qui est mort avec l’évincement de Stéphane Dion.
Quelque chose me dit que M. Ignatieff est plutôt un De Gaulle qu’un
Trudeau. Lui me semble être un démocrate. Aussi, il est tiraillé. S’il ne
l’était pas il aurait sur le champs annoncé son choix. Il pencherait vers
la Coalition, mais pour cela il lui faut s’imposer contre la minorité
activiste affairiste qui compte sur lui pour se coucher. Ce qui n’est pas
aisé. Sera-t-il un De Gaulle ? Capable de faire passer le Canada d’un État
qui s’impose d’autorité depuis la Conquête à un État démocratique ? Au
risque de devoir faire comme De Gaulle avec l’Algérie. S’en départir et le
faire passer auprès de ses commettants impérialistes ? Quelque chose me dit
qu’il pourrait être un De Gaulle.
On verra bien demain. On verra s'il est un démocrate ou un bon coucheur ?
Si l’on a affaire à un De Gaulle, on n’est pas pour autant sorti de
l’auberge… Mais au moins, nous aurons affaire à un démocrate. Lui restera à
savoir comment faire ce qu’a réussi De Gaulle, s’imposer contre les
autocrates affairistes qui dans l’ombre nous gouvernent.
La victoire du Bloc souverainiste
En attendant, peu importe ce que décide Ignatieff, le Bloc souverainiste
gagne. Du moins jusqu'à la prochaine campagne électorale qu'il nous faudra
gagner.
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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    28 janvier 2009

    Ignatieff n'est pas De Gaulle. Ce ne sera qu'un Trudeau de plus. Et encore... sauf que lui n'aura pas la côte qu'a déjà eu Trudeau.
    La Presse 2009 01 28 - Malorie Beauchemin - 11h05
    Ignatieff propose des amendements, mais votera pour le budget -
    C'est la victoire du Bloc souverainiste.
    Ignatieff ne peut pas maintenant faire des gains contre le Bloc souverainiste. S'il avait pu, il aurait déclenché des élections. Le peuple souverain du Québec n'adhère pas au Canada, ni celui de Harper, ni celui d'Ignatieff, ni donc celui d'Harpatieff, comme le décrit Alain Dubuc dans La Presse. Belle trouvaille.
    Un gouvernement d'Harpatieff, un gouvernement de clowns du n'importe quoi et son contraire, histoire de tenir le plus longtemps sur le mince fil qui n'est plus que le seul ancrage d'un État de blocage. Un Gouvernement de Coalition Conservatrice-Libérale... que n'appuie pas le Bloc souverainiste. Un Canada du blocage, qui ne reçoit pas l'appui du Québec, qui ne reçoit pas l'appui du Bloc souverainiste.
    Contre la coalition !? Vraiment !
    Oui nous serons contre cette Coalition d'Harpatieff !