Sarkozy en remet

le président français «est reconnu pour dire des choses plus ou moins fondées»

Sarko décore Charest - février 2009

(Québec) Et dire que Louise Beaudoin avait soutenu que Jean Charest s'était fait damer le pion par Michaëlle Jean à La Rochelle, lors du lancement des Fêtes du 400e de Québec... C'est vrai que Nicolas Sarkozy était tombé sous le charme de Mme Jean, mais on a vu hier que cela n'affectait en rien ses relations avec Jean Charest. Profiter de la remise de la Légion d'honneur au premier ministre du Québec pour réitérer, dans un cadre encore plus formel, que la France n'encourage pas le sectarisme et les divisions, c'est une véritable gifle aux souverainistes.
Louise Beaudoin a soutenu hier que cela ne la choquait pas, mais elle a déclaré du même coup que le président français «est reconnu pour dire des choses plus ou moins fondées», et qu'il fallait blâmer ses amitiés avec les Paul Desmarais de ce monde. Pour que Mme Beaudoin parle ainsi du président français, c'est qu'elle a mis une croix sur les amitiés de la République, à tout le moins sous la présidence de Sarkozy.
«Les astres sont en train de s'aligner» pour la souveraineté, avait pourtant déclaré Gilles Duceppe au conseil général de son parti à Saint-Hyacinthe en fin de semaine. J'ignore quel astrologue conseille le chef du Bloc québécois, mais je ne vois pas ce qui l'incite à un tel optimisme. La controverse autour des plaines d'Abraham nous a rappelé que le nationalisme québécois est chatouilleux, mais rien ne permet de croire que le mouvement souverainiste soit sur une nouvelle lancée.
D'ailleurs, Pauline Marois devait bénir le débat sur les Plaines et celui sur les hippodromes, jeudi dernier. Parce qu'objectivement, elle n'avait pas grand-chose à dire à la sortie de son caucus dans Charlevoix.
Interrogée sur l'option souverainiste, elle a dressé le programme suivant : «Essentiellement (nous allons) faire de l'animation politique dans nos comtés, par nos militants et nos militantes, faire des représentations, participer à des débats, aller à la rencontre des jeunes, en particulier dans les universités, dans les cégeps...»
Bref, rien de nouveau en 2009. Retour à la bonne vieille pédagogie que le parti se targue de faire depuis des années, lorsqu'il n'a rien d'autre à dire pour rassurer ses militants. Les péquistes se verront en conseil national et en conférence des présidents les 21 et 22 février à Québec. Je vous parie une bonne bouteille qu'on nous servira à peu près la même cuvée qu'en 2008.
«Que voulez-vous?», comme dirait Jean Chrétien, on ne peut pas réinventer la roue à chaque année. On pourra toujours imaginer un nouveau slogan, dans le genre des «conditions gagnantes» de Lucien Bouchard, mais la problématique sera toujours la même : pas question de tenir un référendum ni même de le promettre, à moins d'avoir la certitude de l'emporter. En attendant le grand jour, les péquistes maquillent l'option lorsqu'on se rapproche des élections, et la ressortent du placard lorsqu'on s'en éloigne.
Pour revenir à Sarkozy, on peut comprendre pourquoi les Français prennent une telle distance de l'option souverainiste. Les sondages d'opinion sont d'une telle stabilité sur cette question depuis 1995, qu'il faudrait un tremblement de terre pour donner une majorité au Oui dans un référendum. Selon CROP, le Oui n'a devancé le Non que pendant sept mois d'affilée depuis 2004, soit de mai à décembre 2005, au plus fort du scandale des commandites. Depuis janvier 2006, l'option souverainiste a oscillé entre 30 et 45 % dans les sondages, avant répartition des indécis.
Comment croire, dans les circonstances, que «les astres sont en train de s'aligner» pour la souveraineté? C'est presque du Jojo Savard...


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