Un test des valeurs sans conséquence

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Il faut plutôt rapatrier le pouvoir de sélection de tous les immigrés : du regroupement familial aux réfugiés


Adoptant une position de repli, le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), Simon Jolin-Barrette, a annoncé l’imposition d’un test des valeurs aux immigrants non pas trois ans après leur arrivée, mais avant même de leur accorder un certificat de sélection du Québec (CSQ).


S’inspirant du test imposé aux immigrants pour obtenir la citoyenneté canadienne, « l’évaluation de la connaissance démocratique et des valeurs québécoises », pour reprendre la nouvelle appellation, comporte 20 questions à choix multiples tirées d’une banque de quelques centaines de questions sur l’application de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, l’importance du français comme langue commune et notre régime politique.


Personne ne devrait échouer au test. Les candidats à l’étranger pourront répondre au test en ligne ; en cas d’échec, ils auront droit à trois reprises, ou à deux s’ils suivent une session d’information de 24 heures au Québec, ce qui leur donne automatiquement la note de passage. Pour les ressortissants étrangers qui sont déjà au pays, après deux échecs ils n’auront qu’à suivre la session d’information pour pouvoir obtenir leur CSQ.


À l’heure actuelle, les candidats à l’immigration doivent signer une déclaration sur les « valeurs communes », qui fut introduite par la ministre libérale Yolande James. Or cette déclaration, qui fait partie de la liasse de documents que les immigrants doivent signer, l’est souvent machinalement. Ce test et cette session n’auront qu’une vertu pédagogique. Et c’est tant mieux.


Simon Jolin-Barrette a répété, mercredi, qu’il était toujours dans l’intention de son gouvernement de négocier avec le gouvernement Trudeau une entente qui prévoirait que la résidence permanente octroyée par Ottawa à un immigrant soit en quelque sorte révoquée s’il ne réussit par un test des valeurs et un examen de français trois ans après son arrivée. Or le recours à un test des valeurs non contraignant et sans conséquence ne fait qu’illustrer l’échec des négociations menées par le ministre avec son homologue fédéral.


On ne peut s’opposer à ce que les nouveaux arrivants connaissent davantage notre régime politique et les valeurs exprimées par la Charte des droits. Mais ce test des valeurs est bien secondaire : il existe des objets de négociations avec Ottawa autrement plus importants, comme d’obtenir la mainmise sur l’admission des travailleurs étrangers temporaires.









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