Cheminement vers un drapeau québécois

L’adoption du Fleurdelisé, en 1948, est l’aboutissement d’une gestation qui aura duré cent ans.

Tribune libre 2009


Depuis des temps très anciens jusqu’à aujourd’hui, des groupes, des armées, des bateaux et des peuples ont choisi des bannières pour s’identifier, se motiver, se distinguer ou encore se bâtir une fierté. Des soldats romains jusqu’aux partisans de la Sainte Flanelle en passant par les bateaux pirates, on s’est appliqué à arborer des couleurs, des emblèmes et des symboles comme objets de ralliement. Le comble de l’humiliation lors d’une bataille ou d’un affrontement est de se faire ravir ses couleurs. Le général Lévis a choisi de brûler ses drapeaux sur l’Île-Sainte-Hélène lors de la capitulation de Montréal en 1760 pour éviter qu’ils ne tombent aux mains des Anglais. Partout, on perçoit comme un affront grave tout manque de respect envers son drapeau. On pourrait multiplier les exemples qui nous illustrent toute la force symbolique qui réside dans ce qui n’est, somme toute, qu’un morceau de tissu.
L’adoption du Fleurdelisé, en 1948, est l’aboutissement d’une gestation qui aura duré cent ans. En effet, notre drapeau national tire son origine lointaine du drapeau de Carillon, une vieille bannière remontant au régime français, une immense bannière arborée pour la première fois depuis la défaite de 1760 lors du défilé de la Saint-Jean-Baptiste à Québec en 1848. Pendant les cent années suivantes, différentes opinions vont s’exprimer et parfois même s’affronter mais lentement le consensus va peu à peu s’opérer pour en arriver à une unanimité presque totale à la fin.
Il apparaît clair que l’on ne peut dissocier la volonté de se choisir des symboles avec le contexte historique dans lequel on baigne. Nous allons donc suivre notre quête d’un drapeau à travers les hauts et les bas de notre vie collective. Il nous faudra donc revisiter la Nouvelle-France et aborder le régime britannique. Il faudra aussi revivre l’aventure patriote et comprendre la déprime qui s’en est suivie. Il faudra encore participer à ce choc du nationalisme et de l’impérialisme, véritable crise d’identité du Canada au début du 20e siècle et voir les Canadiens français implorer le Canada de prendre ses distances d’avec l’Angleterre. Finalement, on pourra enfin arriver au 21 janvier 1948, le jour de l’adoption du fleurdelisé.
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Gilles Ouimet66 articles

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Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troupe de théâtre amateur (Troupe Montserrat) depuis 2000. Écriture pour le théâtre, notamment une pièce à l’occasion du centenaire de Mont-Laurier en 1985 (Les Grands d’ici), une autre à l’occasion du 150e anniversaire du soulèvement des Patriotes (Le demi-Lys...et le Lion) en 1987 (prix du public lors du festival de théâtre amateur de Sherbrooke en 1988 et 2e prix au festival canadien de théâtre d’Halifax la même année). En préparation, une pièce sur Louis Riel (La dernière Nuit de Louis Riel). Membre fondateur de la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides. Retraité de l’enseignement depuis 2005.





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