L'histoire se répète

L'affaire Desmarais




L'auteur présente les médias comme des «terroristes de la presse parlée et écrite» qui, à l'exemple de nos élus, députés et ministres, non seulement ignorent la loi, mais ils ne font même pas la différence entre la capacité juridique d'une Ville de construire un trottoir et un Colisée.
Photothèque Le Soleil

Jacques Villeneuve - Ce fut le 11 septembre 2001 que le rêve américain prit du plomb dans l'aile. Suite à une attaque provenant de l'extérieur, les deux tours du World Trade Center se sont effondrées. Bien que chez nous il n'y ait pas eu de perte de vie, ce fut le 21 septembre 2011 que le rêve québécois (mon rêve) s'effondra, mais cette fois en raison d'une attaque terroriste sournoise provenant de l'intérieur.
Une attaque bien orchestrée par une propagande démagogique des médias de Québec qui rendit impossible pour les opposants de pouvoir faire entendre leur point de vue, de même que de pouvoir s'exprimer librement et sans crainte en public. En raison de la cupidité électoraliste des partis politiques, ces terroristes de la presse parlée et écrite ont réussi à ce que deux des trois tours de notre propre démocratie (le législatif et l'exécutif) s'écrasent d'elles-mêmes pour satisfaire l'avidité d'un maire et d'une entreprise privée désireuse d'obtenir un Colisée financé par les citoyens de Québec et du Québec. Après tout, c'est peut-être normal puisqu'en matière de compétences municipales, ces gens, à l'exemple de nos élus, députés et ministres, non seulement ignorent la loi, mais ils ne font même pas la différence entre la capacité juridique d'une Ville de construire un trottoir et un Colisée.
Et dire que ce sont à eux que l'on confie le soin de bien informer la population, de le faire «objectivement», afin de pouvoir exercer et développer notre propre esprit critique. Par ailleurs, il est plus que probable que ces mêmes journalistes ne soient pas aussi indépendants qu'on pourrait l'espérer. À l'exemple de nos députés et de la fameuse ligne de parti, ils préfèrent certainement protéger leurs jobs et être bien vus de leur employeur. C'est probablement pour cette même raison que certains préconisent de plus en plus l'évaluation du rendement au mérite. Ainsi, si tu dis comme le boss, tu es dans ses bonnes grâces et tu as la chance d'avoir une augmentation de salaire. Sinon, c'est comme ce qui se passe dans la fonction publique du Québec. Tu n'es pas dans la clique des élus et tu n'as pas droit à une augmentation au mérite.
Qu'est-ce que l'histoire retiendra de ce jour noir pour la collectivité québécoise? Elle fera certes un parallèle avec Rome où, afin de gérer l'État sans se soucier des véritables problèmes du peuple, l'empereur et le sénat surent contrôler la populace romaine avec «du pain et des jeux». Un autre parallèle qui sera sûrement fait, c'est la comparaison entre notre bon maire et le maire Drapeau. En effet tous les deux, avec leurs rêves de grandeur, auront su nous imposer des éléphants blancs à des prix pharaoniques.
Mais c'est en consultant les médias de notre époque qu'on comprendra très vite que ce peuple super endetté était passablement immature puisqu'il préféra que l'on coupe 800 millions $ dans des services qui lui étaient essentiels, à savoir: l'éducation et la santé, pour le simple plaisir, tel un enfant, d'avoir son jouet, son équipe de hockey. On ne pourra faire autrement que de réaliser également que ce peuple a préféré s'endetter de 400 millions $ alors même que quantité de ses propres enfants se rendaient à l'école le ventre vide le matin, que bon nombre de ses concitoyens ne mangeaient pas à leur faim, que bien des familles, en plus d'avoir de la difficulté à joindre les deux bouts, ne bénéficiaient même pas de trois repas par jour. Avec une analyse aussi claire, on en déduira facilement que «ce peuple n'était pas dû pour être une nation et encore moins avoir son propre pays puisque même le parti qui prônait l'indépendance à cette époque (parti qui disparut par la suite), de peur de perdre des votes, se rallia au parti fédéraliste au pouvoir, préférant ainsi la fierté d'une équipe de hockey à celle d'une nation libérée».
Bien que je n'ai rien contre le fait que l'on ait une équipe de hockey, je trouve que c'est chèrement payé. Je ne me réfère pas simplement aux coûts financiers de cette aventure commerciale qui ne concerne en aucune manière les simples pouvoirs administratifs d'une municipalité (charte ou pas), mais surtout au fait qu'il y a eu bel et bien abandon volontaire, en toute connaissance de cause, de notre système démocratique par nos élus. C'est ça qui m'attriste le plus. J'ose espérer que la troisième tour de notre système démocratique (le judiciaire) saura être à la hauteur de ce qu'elle doit être, c'est-à-dire le véritable pilier de notre démocratie, puisque normalement elle ne devrait pas être sujette aux pressions politiques.
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Jacques Villeneuve, ancien avocat, officier de justice et juriste de l'État à la retraite
Québec


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