La Meute

L'idée, la pédagogie, le militantisme et la lutte avant le messianisme.

Le destin québécois

Certains auront compris que je ne suis pas membre du PQ, de toute façon, « l'engagé » est une idée, une attitude plus qu'une personne.
Marois ne « passe » pas bien... Mais je vous rappelle que Duceppe a déjà eu l'air fou avec un bonnet sur la tête. Bouchard « passait », Parizeau un peu moins, Landry semblait d'une autre époque (trop moderne?) et Lévesque plaisait beaucoup. Je profite du dernier sondage sur la popularité de Duceppe pour vous demander de réfléchir au rôle que vous conférez à nos idoles, à nos chefs...
Le syndrome de Saint-Jean-Baptiste
Nous leur faisons porter le poids de nos espérances et la responsabilité de nos défaites. Maurice Richard était un héros à une époque où les Canadiens-français en avait bien besoin, cependant, cette aspiration toute pastorale à nous chercher un Saint-Jean-Baptiste, un meneur de troupeau doit cesser. De toute façon, les Saint-Jean-Baptiste finissent mal.
D'agneaux, les Québécois doivent devenir de loups ou des renards et il ne serait pas malsain que certains d'entre nous soient un peu «garou» voire Carcajou. Nous avons besoin de stratégie groupée, d'embuscade, mais aussi d'électrons libres et puissants qui dérèglent la machine de nos adversaires.
Une position existentialiste
Nous devons développer notre initiative, notre responsabilité : l'accession à l'indépendance repose sur les gens, sur les militants. Nous devrons bientôt nous mettre à créer des documents et à développer une véritable pédagogie du discours indépendantiste et c'est la vigueur de notre travail qui déterminera le résultat. La «chef» (ou une chef) est le visage public de notre corps politique, mais le véritable visage de notre mouvement est la mosaïque extraordinaire des singularités des militants qui s'unissent dans la conviction que nous pourrons bientôt nous doter d'un pays. Le fil qui nous relie, l'histoire, la culture (de Félix à Karkwa) soude nos efforts individuels en une force politique puissante. La chef est une intermédiaire, simplement.
Quand nous conférons à nos chefs le fardeau de nous conduire, nous leur mettons une pression d'autant plus forte que nous devenons passifs, déresponsabilisés et faibles. Octroyer un rôle messianique à notre chef nous transforme pour ainsi dire en agneaux, alors qu'on a justement besoin de résistants, de maquisards et de prêcheurs. Nous devons nous libérer notre dépendance malsaine au rôle du messie, car même quand nous critiquons, nous sommes encore en train de rejeter la faute de la défaite sur le parti, sur le chef de parti, nous restons dans une dynamique de dépendance.
Ferré disait, ce n'est pas le mot qui illustre la poésie, c'est la poésie qui doit illustrer le mot. Nous voulons que le Québec soit souverain, nous devons nous aussi devenir des individus souverains. Et ça veut dire qu'on doit cesser d'attendre des directives d'en haut. On me dit que le PQ n'est pas le parti qui arrivera à faire la souveraineté. Certainement, puisque c'est aux souverainistes de gagner la bataille des coeurs.
J'ai écrit, à tort, que le jour où les militants allaient voir Pauline se mettre à faire du porte-à-porte pour expliquer la souveraineté, ils la suivraient. C'est le contraire : le jour où les politiciens vont voir que nous nous massons pour faire l'indépendance, ils rejoindront la meute. Entendez ce mot : LA MEUTE, pas le troupeau.


Conclusion
L'impopularité de Marois nous sert, nous constatons que l'indépendance en tant que telle n'est pas très populaire, mais nous savons qu'elle peut l'être. Cette situation nous donne une mesure bien plus juste du travail à faire. Nous avons besoin de livrer une longue bataille et il est très bon que chaque nouvel indépendantiste nous soit acquis solidement par le coeur et la raison, pas juste parce qu'un nouveau messie vient de débarquer.
De toute façon, au lendemain d'un vote, d'une élection, d'un référendum ou d'une insurrection, nous aurons besoin d'une base très solide et enthousiaste pour transformer le pays et «livrer» une autre bataille dans l'exercice du rapport de force contre Ottawa. Nous devrons sans doute manifester, occuper des locaux fédéraux, faire des «sit-in» devant les bureaux militaires. Nous avons besoin d'indépendantistes engagés et convaincus, pas des chiffes molles. L'aura d'un « sauveur » est malheureusement un attracteur à chiffes molles et à vestes retournées.

C'est donc avec une grande prudence que je réfléchirais au sondage de La Presse...


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    29 novembre 2010

    Mme Marois a subi des tirs "amis" de toutes parts au cours des dernières semaines. Elle est toujours debout, elle résiste, elle est résistante. Elle résistera, et cela fera mal à l'ennemi...
    Petit village de Pauline

  • Archives de Vigile Répondre

    29 novembre 2010

    Merci de ce texte rafraîchissant. Je pense comme vous que l'indépendance passe par le peuple et n'est pas seulement le combat d'un parti politique. Mme. Marois ne peut pas être responsable de nos déceptions. Nous en sommes les seuls responsables, alors relevons-nous et convainquons les gens autour de nous avec des arguments fiables, de qualités et surtout honnêtes. Nous n'avons pas besoin de haïr les anglais car nous avons raison. Laissons-les dans leurs haines et concentrons nous sur les arguments percutants, sur des études bien faites, sur un discours honnête, franc et inspirant comme l'ont fait plusieurs avant nous. Et surtout, et c'est au moins de 30 ans que je m'adresse: levez vous, instruisez vous, ne vous armez pas de pierre mais de connaissance, d'analyse, de vérité, cherchez, vous trouverez. Voilà ce qu'on a besoin au Québec: de l'honnêteté. La journée où nous serons honnêtes avec nous mêmes, nous ne craindrons plus personne, nous ne craindrons plus la haine, nous ne craindrons plus l'échec et enfin nous ne craindrons plus la liberté. Encore merci pour ce texte. Vous et mr. Le Hir êtes mes lectures favorites de ce site.

  • L'engagé Répondre

    28 novembre 2010

    J'ai fait référence à une insurrection pour montrer que l'indépendance peut se faire de bien des façons, certains pensent par exemple que l'on peut déclarer l'indépendance après une élection, d'autres que nous devons déjà nous considérer indépendants, d'autres encore croient en le référendum, d'autres à une élections référendaires dans un système proportionnel.
    Il existe certainement une tactique idéale, mais mon propos est de dire que quelle que soit cette dernière, nous devrions agir en meute québécoise et que la qualité de cette meute ne devra justement pas dépendre des qualités du chef, mais bien de la conviction de ses membres. Le ou la chef sera à l'image de la meute, forte, agressive, implacable, rusée et nous serons, nous, unis pour défendre notre territoire et notre cause.
    Je n'ai pas réfléchi au lien insurrection et messianisme, mais je pense que plus nous nous défendrons avec cohérence et union (ce qui veut dire attaquer), plus nous provoquerons d'occasion et nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve : peut-être que nous aurons des «garous» (c'est une image) des «attracteurs étranges» qui viendront carrément redessiner la bataille.
    Si par exemple «wikileaks» révélait un passé particulièrement noir du Canada, une trahison à notre endroit et qu'un quidam remportait une importante bataille médiatique, ou légale, qui sait ce que cela pourrait provoquer.
    Nous devons créer nos propres chances et ce n'est qu'en occupant le champ de bataille que nous pouvons justement profiter du vent qui tourne.
    Quand nous bêlons dans nos champs, rien ne peut arriver, quand nous confions notre sort à un berger, des brigands peuvent l'assassiner au détour d'un chemin et nous tondre.
    Voilà, d'une manière imagée, le sens de mon propos.

  • Jean-Paul Crevier-Delisle Répondre

    28 novembre 2010

    Juste un p’tit détail qui m’échappe. Vous écrivez : « Au lendemain d’une … insurrection ». Vous faites sans doute référence à celle du colonel James Angus Brown, n’est-ce pas ? :-)
    Sinon, n’oubliez pas que loups comme agneaux vivons dans ce grand jardin zoologique qu’est l’Amérique du Nord. L’administration du Zoo, ses gardiens ou contractuels -comme Blackwater Worldwide – ont la situation bien en main. E-I-E-I-O !
    Messianisme et insurrectionnisme ne sont-elles pas les deux faces d'une même pièce?
    Mais je suis d'accord quant aufond: "Nous avons besoin d’indépendantistes engagés et convaincus".
    jpcd

  • Rhéal Mathieu Répondre

    27 novembre 2010

    J'aime bien votre article et vos analogies bestiaires.
    Moi et quelques amis, nous nous voyons un peu comme un groupe de chiens bergers. Nous donnons des signaux, le troupeau se lève et se met en marche, puis nous lui indiquons une certaine direction et tentons de l'y maintenir. Nous savons où nous allons.
    De temps à autre, un coup de gueule ou de dent est nécessaire.
    Puis, tout à coup, un mouton devient un bélier.
    La campagne pour Faire tomber le gouvernement Charest est une tactique, pour une certaine étape. L'affichage fait prendre conscience aux gens que quelques individus peuvent transformer la réalité et même, rendre fou le PLQ, que ce soit à l'Assemblée Nationale, à Laval, dans Kamouraska-Témiscouata ou ailleurs.
    Ils ne sont pas habitués à se faire attaquer de cette façon.
    Puisque vous êtes une personne qui est à l'aise dans l'action (Mile End), je vous invite à vous joindre à nous. Nous nous en tenons à la stricte légalité.
    Il n'y pas de structure, pas de lutte idéologique, pas de chef. Seulement des alliances ponctuelles pour agir efficacement.
    De toute façon, ce gouvernement va tomber. Impossible qu'il dure un autre deux ans. Nous avons senti le sang. Nous voulons sa peau. Alors, nous aurons eu le crédit de sonner l'hallali.
    Bienvenue à bord.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 novembre 2010

    Voilà, quelle meute sommes-nous?
    Ce sondage-piège sera un bon test pour évaluer nos effectifs. Combien d'entre nous cherchent encore un sauveur? Au moins, notre honneur est couvert, puisque Duceppe ne se voit pas comme un sauveur. Il s'enligne plutôt sur ce message qu'on nous rappelle en quelque part, qu'il doive refuser de diriger le Québec tant qu'il demeure provincial. Trop de tacticiens canadians voudraient justement l'évacuer d'Ottawa où il empêche, en représaille, tout gouvernement majoritaire chez l'assimilateur.