Québec — Heureux de l'intérêt que suscite son idée de nouveau mouvement politique, François Legault s'est toutefois montré exaspéré hier par l'ampleur «exagérée» que l'affaire a prise dans les médias. «On est rendu trop loin», a-t-il dit, remettant même la publication d'un manifeste en question: «Il n'y a rien de convenu! On a évoqué différentes possibilités de contribuer au débat public, mais on ne sait pas encore quelle forme ça pourrait prendre... si ça prend une forme.» Lucien Bouchard a quant à lui catégoriquement nié des informations publiées hier dans La Presse, par la voie d'une porte-parole: «Il ne joue aucun rôle dans cette démarche, n'a pas l'intention d'y participer et encore moins d'agir comme collecteur de fonds.»
L'autre prétendue tête d'affiche du groupe, Joseph Facal, s'est refusé à toute confirmation, hier. Au bas d'un des articles de son blogue, l'ancien ministre a écrit: «Je reste tout de même maître de ma parole, non?» Professeur à HEC, M. Facal doit prononcer une conférence-bénéfice le 29 octobre pour L'Action nationale. Sur son blogue, il a précisé qu'il ne reniait pas ses convictions souverainistes, mais a déploré que lorsqu'un souverainiste «en vient à la conclusion qu'il n'est pas sage de continuer à faire semblant [que c'est] pour la semaine prochaine, la question devient: que faire? [...] Je constate que le simple fait de se poser la question est un grave crime pour certains. Dommage.» Récemment, M. Facal n'écartait pas la possibilité d'être présent au congrès du PQ prévu pour mars 2011. Hier, il a indiqué par courriel qu'il n'avait toujours pas renouvelé sa carte de membre, échue depuis le 23 novembre 2008, «donc quelques mois avant notre départ pour l'étranger».
Même vague, le projet de François Legault divise les souverainistes. Un de ses anciens rédacteurs de discours du temps où il était ministre, l'historien Éric Bédard, de la Télé-Université, a décidé de ne pas le suivre. Il estime que de vouloir écarter la question nationale serait «refaire une erreur de Mario Dumont». Cette question dépasse la polarité souverainisme-fédéralisme: «Elle traverse toute notre histoire, du Parti canadien au Parti québécois, en passant par Honoré Mercier, le Parti national, l'Union nationale, etc.» Selon M. Bédard, François Legault fait aussi une mauvaise lecture du PQ actuel. D'une part, cette formation politique ne promet plus un référendum rapide. D'autre part, elle a éjecté le club politique de la gauche syndicale, le SPQ Libre: «Le PQ a toujours été une coalition», insiste M. Bédard. Ce dernier croit que l'ancien ministre aurait dû commencer par proposer ses idées lors du congrès de mars 2011. «Plusieurs d'entre elles auraient été acceptées, je crois.»
D'autres accueillent la démarche de M. Legault plus favorablement. L'ancien député péquiste de Berthier Alexandre Bourdeau écrivait hier sur son blogue que l'intérêt suscité par un tel mouvement, même embryonnaire, «démontre la difficulté du PQ de réactualiser son option souverainiste et son incapacité à remettre en question les institutions».
Par ailleurs, Joseph Facal et François Legault n'assisteront pas à la première rencontre du Réseau Liberté-Québec, le 23 octobre à Québec. Une des porte-parole de ce groupe de centre droit, Joanne Marcotte (réalisatrice du documentaire l'Illusion tranquille), a confirmé hier que les deux têtes d'affiche avaient décliné l'invitation du réseau. Elle s'est dite déçue de la décision des deux ex-ministres puisque pour plusieurs, ce sont là de «potentiels agents réformateurs du modèle québécois».
Nouveau mouvement politique
Legault, Facal et Bouchard exaspérés
« Il n'y a rien de convenu! »
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