Une constitution? Fondamental ou pas

Le destin québécois

Le 4 juillet dernier était la fête nationale des Américains. Ils ne jurent que pas leur Constitution de sept articles et des vingt amendements qui, en deux siècles et demi, lui ont été apportés. Le 14 juillet prochain, la France célébrera sa fête nationale. Réunissant ses deux chambres, elle procède périodiquement à des modifications de la Constitution de sa Cinquième République. Le 1er juillet était le Jour du Canada. Après s'être passionné d'une activité débordante de rapatriement, d'inclusion de charte et de modifications de sa Constitution pour essentiellement enlever des droits et des pouvoirs au Québec, il méprise depuis et encore tous ceux et toutes celles qui estiment qu'il faudrait remettre en débat ce texte fondateur. Pourquoi? Parce que cette Constitution scelle parfaitement la réalité canadienne telle que le Canada la souhaite.
Mais le Québec, lui-même, n'en a pas de Constitution. Serait-il important qu'il en ait une?
Une Constitution est un symbole fort d'existence à soi-même, de reconnaissance par les autres et de projection dans le devenir collectif que l'on se souhaite. C'est la loi des lois, la loi fondamentale qui fonde les institutions, les règles, les pratiques et les finalités visées. La Constitution est le pacte collectif qui unit toutes les composantes de la société.
Ne pas en avoir ne tue pas. Pas encore. En avoir une fait vivre. Et le processus pour l'élaborer, ici comme ce le fut ailleurs, sera une occasion unique de vastes débats sur qui nous sommes, qui voulons-nous devenir, quelle est notre réalité géographique, juridique, culturelle, linguistique, démocratique. Et à quel monde nous voulons appartenir et apporter notre contribution.
L'État du Québec est un État incomplet, un État dominé, un État que le Canada a systématiquement spolié de ses pouvoirs d'origine. Mais il est encore un État. Plus est, il est l'État d'une nation. Et dans les faits, le seul État français de l'Amérique du Nord. Avec le défaut de ne pas être un pays. Cette seule condition, pour sa propre protection comme pour sa propre garantie d'avenir, commande que le Québec se dote de sa Constitution.
Il l'a fait pour la langue. Il devra le faire pour la citoyenneté. Également pour la Constitution. Trois fondamentaux de son avenir que le Canada ne cessera d'attaquer comme il l'a fait contre la loi 101 mais que le Québec doit construire jusqu'au moment où il se mettra à l'abri de tous ces coups en se donnant lui-même son propre pays.


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