Berlusconi et la mafia - La paralysie

L'Empire, corruption et crime organisé


Homme de main d'une famille mafieuse, Gaspare Spatuzza persiste et signe: Silvio Berlusconi ainsi que le sénateur Marcello Dell'Utri, qui purge une peine de prison pour association avec les brigands de Palerme, ont été les interlocuteurs politiques privilégiés de Cosa Nostra au début des années 90.
Selon le témoignage de Spatuzza devant des juges italiens, le duo Berlusconi-Dell'Utri aurait fait le troc suivant avec les bonzes de la multinationale du crime: réaliser des attentats en 1993 afin de provoquer un chaos qui favoriserait l'avènement au pouvoir de Forza Italia lors des législatives de 1994. La suite? Trois bombes ont explosé dans autant de villes en 1993 avant que la formation politique ne soit élue pour la première fois quelques mois plus tard.
Bien évidemment, ces confidences ont remis sur le devant de la scène les liens supposés du chef de l'État avec une association de malfaiteurs. En attendant la suite judiciaire du dossier, elles ont mis en relief l'insistance manifestée par Berlusconi pour jouir de l'immunité. On se souviendra qu'il avait décidé d'amender la Constitution afin que les trois principaux personnages de la République italienne ne soient jamais ennuyés par ces «maudits» juges qui, selon lui, sont tous «des rouges». Heureusement, la Cour constitutionnelle avait infirmé sa décision.
Cela souligné, les propos du repenti ne pouvaient pas arriver à un pire moment. En effet, dans les jours précédant la déposition de Spatuzza, l'ex-femme de Berlusconi ayant exposé officiellement ses demandes dans le cadre de son divorce, les médias ont rappelé à l'attention de tous les Italiens ses histoires de bagatelle, et notamment ses écarts avec des prostituées d'Europe de l'Est sous la coupe, elles, de la mafia russe. Quoi d'autre? Le parquet de Milan a condamné Berlusconi à geler un milliard de dollars sous forme de garantie bancaire dans le cadre du procès qui lui a été fait pour avoir corrompu un magistrat d'un tribunal de commerce afin d'acquérir la fameuse maison d'édition Mondadori.
En fait, la somme des poursuites judiciaires actuelles et de celles qui lui pendent au nez, combinée à celle des conflits d'intérêts — il est à la tête du premier empire médiatique italien et patron de fait de la télévision publique en tant que chef de gouvernement —, est telle qu'il ne peut tout simplement plus diriger le pays. Berlusconi étant empêtré dans X nombres de scandales, le programme politique de l'Italie est pour ainsi dire immobilisé et sa crédibilité sur la scène internationale, réduite à une peau de chagrin.
Le pire, c'est qu'en plus de cette déchéance politique l'économie du pays part à vau-l'eau. Par exemple, la contraction du PIB au cours de la présente année sera de -5 %, soit une des pires performances des nations membres de l'Union européenne. Autrefois donnée en exemple, la compétitivité des PME italiennes ne cesse de reculer. Bref, l'Italie fait face à des défis majeurs, profonds. Hélas! Elle est entre les mains d'un margoulin.


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