Québec -- Dans une déclaration qu'il aurait faite à l'Assemblée nationale, Bernard Landry s'apprêtait à reconnaître et à réparer le tort subi par Yves Michaud qui fut l'objet, il y aura quatre ans demain, d'une motion de blâme votée de façon unanime par les députés. Mais, au dernier instant, tout s'en est allé en eau de boudin, le chef du Parti québécois décidant de n'offrir aucune réparation.
C'est ce qu'a révélé Yves Michaud au Devoir avant la réunion annuelle, hier, du mouvement Solidarité Yves Michaud. Ce mouvement, composé d'une centaine de citoyens dont plusieurs personnalités, appuie l'ancien journaliste, député, et diplomate, maintenant âgé de 74 ans, dans ses démarches pour obtenir des excuses de la part des élus ou à tout le moins une forme de réparation. Rappelons que M. Michaud s'est adressé à la Cour supérieure pour obtenir un jugement déclaratoire affirmant que l'Assemblée nationale n'avait pas le pouvoir constitutionnel d'adopter une motion de blâme à l'encontre d'un simple citoyen, une requête qui fut entendue le 30 novembre et le 1er décembre derniers.
Au cabinet de M. Landry, on s'est contenté de signifier qu'il n'y aurait aucun commentaire sur le sujet sans démentir, toutefois, l'information.
Dans un texte qu'il a rendu public hier, Yves Michaud explique qu'il y a un peu plus de trois mois Bernard Landry l'a informé qu'il préparait un texte ayant valeur de réparation pour le tort que lui a causé la motion «scélérate» du 14 décembre 2000. Cette motion dénonçait les propos, tenus la veille par M. Michaud lors des États généraux sur le français, relativement à la communauté juive et plus généralement, aux communautés culturelles.
Tel que M. Michaud l'a rapporté, le chef péquiste lui a dit qu'il préparait ce texte «non pas en vertu de l'amitié qui nous lie, ni pour en tirer un quelconque avantage politique, mais parce qu'il s'agit d'un devoir de justice». M. Landry lui a lu une première version du texte puis une deuxième, texte que le député péquiste, André Boulerice, qui avait présenté la motion conjointement avec le député libéral Lawrence Bergman, a approuvé, tout comme Sylvain Simard, Louise Harel, Jean-Claude Saint-André et Jean-Pierre Charbonneau. M. Michaud se disait satisfait de la teneur du texte et acceptait de passer l'éponge sur toute l'affaire.
Mais voilà, alors qu'il se trouvait à Québec pour assister à l'audition de sa requête en Cour supérieure, M. Michaud a appris «avec stupeur» que M. Landry renonçait à rendre public son texte. Des avocats de son entourage lui auraient conseillé de ne rien faire sous prétexte qu'un juge devait rendre une décision concernant la constitutionnalité de la motion de blâme.
Yves Michaud ne croit pas à cette excuse. Dans le texte qu'il a rendu public hier, il écrit : «Il est manifeste que la énième reculade du chef du PQ dans l'affaire me concernant relève plus du subterfuge que du respect du troisième pouvoir. En réalité, l'offense serait de penser que le juge qui présidait le tribunal à l'occasion de ma requête puisse être influencé par un mot de réparation d'un élu de ma famille politique.» Et il ajoute : «Bref, se réfugier sous les jupes du judiciaire pour éviter de reconnaître ses torts n'est pas faire preuve de courage, de force morale, ni de respect de la parole donnée.»
S'il fallait croire l'argument avancé par M. Landry, il faudrait que le chef péquiste se tienne coi sur cette affaire pendant cinq, sept ou dix ans si la requête en jugement déclaratoire présentée par M. Michaud se rend en Cour suprême, estime ce dernier. «Avec le risque entre-temps que je passe l'arme à gauche et que l'on enterre à jamais, au propre comme au figuré, et la victime et le dossier pourri et exécrable de la motion infâme qui me valut d'être sali et couvert d'opprobres», prévient M. Michaud.
Motion de blâme de l'Assemblée nationale
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