Conservateurs ou… déviationnistes?

Tribune libre 2009


Louis Cornellier posait une question intéressante dans son article du samedi 14 et du dimanche 15 mars derniers. [«Qui a peur du programme d’éthique et de culture religieuse?»->18637] La réponse se trouve dans un texte paru dans Du tricoté serré au métissé serré, P.U.L., 2008). Georges Leroux écrit, à propos de sa proposition «d’un enseignement universel d’éthique et de culture religieuse» que, et je cite : «Certains groupes voudront peut-être en retirer leurs enfants, ce qui toucherait son universalité, mais ce serait une erreur et le législateur soucieux de la culture publique commune ne devrait pas, sur ce chapitre, s’engager sur le chemin de l’accommodement». Tiens, tiens! Pas d’accommodement! Et pourquoi? Parce que, nous dit Monsieur Leroux, «Personne ne devrait s’y soustraire, car l’introduction du pluralisme et en général de la sensibilisation aux vertus de la démocratie qui est un des objectifs principaux de ce programme n’aura plus de sens si on introduit un régime d’exception». Louis Cornellier insiste sur le fait que le pluralisme qu’il s’agit de valoriser concerne «les convictions intimes qui guident nos vies et qui se nourrissent à l’éthique et, très souvent, à la culture religieuse».
Nous sommes un certain nombre de citoyennes et de citoyens à croire, justement, qu’avant d’obliger nos enfants de six à douze ans à confronter «leurs convictions intimes» aux convictions des autres, il faut leur laisser le temps de se former leurs propres convictions. Pour ce faire, le moule commun et imposé convient mal! Des convictions intimes… communes à tout le monde?
Bien sûr, les «nous modernes» ne vivent plus dans ce monde qui croit, encore, que les parents ont un rôle à jouer dans la formation des convictions de leurs enfants et qu’il serait normal qu’ils puissent faire des choix en conséquence. Nous avons connu plusieurs «nous modernes» qui, au siècle dernier(!) croyaient, comme Monsieur Leroux, que leur conception des choses (mêmes «intimes») était à ce point «démocratique»… que «personne ne devait pouvoir s’y soustraire». Ceux qui voulaient s’y soustraire, étaient des «déviationnistes», c’est-à-dire des conservateurs qui voulaient conserver… leur liberté intime!
Émile Robichaud


Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 avril 2009

    Bonjour!
    Intervenir sur plus prioritaire qu'un nouveau cours....
    Phénomène auparavant ignoré, on sait maintenant que l'intimidation à l’école est un fléau qui laisse des traces profondes.Comment peut-on, ensemble, briser le silence, vaincre la peur et anéantir l'intimidation?
    Ça fait longtemps qu'on sait que l'agression sexuelle n'est pas un crime lié au plaisir sexuel, mais bien un crime de haine, de domination et de contrôle. Devant une situation où un gars n’est pas la vedette qu'il souhaite être,il va se valoriser en faisant des agressions.À la cour,on voit défiler des victimes menues,délicates,faciles à dominer.Aucun apprentissage des arts martiaux.Seulement savoir jouer à la poupée,se maquiller, porter des vêtements modes ,phantasmer sur des vedettes, concéder tout à des beaux gars avec un char,pas avoir confiance en elle.
    Le programme d’assurance du congé parental,initié par un gouvernement péquiste et mis en oeuvre par un gouvernement libéral, devait « s'autofinancer ». Il n'en est rien. Tous les contribuables doivent le payer avec leurs impôts généraux pour éviter au gouvernement libéral ou péquiste de vivre avec un choc tarifaire alimentant la colère des parents-électeurs.Avons-nous les moyens de nous payer ce luxe ?

  • Archives de Vigile Répondre

    5 avril 2009

    Bonne lecture pour comprendre l'origine de la réforme et le cours ECR qui en forme le coeur:
    Comme si l’école était une entreprise
    Le Monde Diplomatique - juin 2003
    dimanche 1er juin 2003, par FCPE 34
    Par Christian Laval
    Auteur de L’école n’est pas une entreprise (La Découverte, Paris, 2003)
    et Louis Weber
    Président de l’Institut de recherche de la Fédération syndicale unitaire (FSU)
    http://www.fcpe34.org/Comme-si-l-ecole-etait-une.html

  • Archives de Vigile Répondre

    5 avril 2009

    "...d’obliger nos enfants de six à douze ans à confronter « leurs convictions intimes » aux convictions des autres, il faut leur laisser le temps de se former leurs propres convictions."(Émile Robichaud)
    Même pas. La confrontation des convictions n'est pas plus permise dans ce cours qu'elle n'est permise dans le billet de M. Graveline dans cette tribune libre.
    Ce cours, imposé, qui se présente comme une introduction au pluralisme religieux et à l'éthique est en fait un cours confessionel en mythologie moderne occidentale et est en lui-même une insulte au raisonnement éthique.

  • Raymond Poulin Répondre

    3 avril 2009

    Ce ne sera pas la première fois que, au nom de la démocratie, du pluralisme ou de la modernité, de préférence les trois à la fois, on nous impose des âneries savantes et pernicieuses. On l’a fait, on le fait encore, au moins en français, en histoire, en pédagogie, en enseignement civique et moral ainsi que dans la formation des enseignants du secondaire et du primaire. Le résultat, qui empire à mesure qu’on met en oeuvre les nouveaux programmes du secondaire, nous le déplorons chaque jour au cégep, dont les directions générales nous enjoignent, surtout en français, de trouver des solutions miracles qui combleraient, bien entendu dans le même nombre d’heures d’enseignement et le même nombre de cours, les lacunes accumulées en onze ans d’infantilisation. Et... que font les gentils enseignants du collégial? Plutôt que d’envoyer paître les directions générales et le Ministère, plutôt que de dénoncer sur la place publique la mascarade dramatique du système d’enseignement, plutôt que de descendre dans la rue pour exiger qu’on renvoie à leur mère les charlatans du constructivisme et autres ismes qui infestent le milieu pédagogique et le Ministère, ils intériorisent une culpabilité qui ne leur appartient pas et se cassent la tête à réinventer la roue ou s’échinent à vouloir tout faire à la fois, quitte, pour plusieurs, à se taper une dépression; les plus cyniques se contentent de contribuer au ralentissement de l’augmentation des échecs dans les cours de base en bonifiant les notes finales.
    Cela aussi nuit à la «liberté intime» et à la liberté collective. Il est vrai que, pour attenter à la seconde, il faut d'abord détruire la première... Mais j’oubliais que voilà de bien vilaines choses à dire au Québec.