Lysiane Gagnon blâmée par le Conseil de Presse

Chronique d'André Savard

Le 5 décembre, Stanley Péan faisait lecture du rapport annuel aux membres de l'Union des Écrivains Québécois réunis pour leur assemblée. Plusieurs points ressortirent de son allocution dont les luttes incessantes de ce syndicat des écrivains pour que cessent les coupures du Fédéral en culture.
Comme on sait la culture est une juridiction partagée mais le Fédéral a toujours voulu qu'on fasse savoir par voie d'affiches que, sans lui, les artistes seraient encore plus pauvres. C'est une sorte de régime des commandites où le Fédéral gagne toujours. S'ils en donnent, de l'argent, des artistes presqu'au bout du rouleau disent: "merci sauveur", et s'ils n'en donnent pas, ils annoncent combien ils sont dans la dèche sans la corne d'abondance fédérale. Le rêve pour la poursuite de la politique fédéraliste!
Si vous êtes artiste, vous avez intérêt à jouer le bon jeu, clamer que vous êtes un esprit libre c'est-à-dire pas entaché politiquement. Ou mieux encore, de clamer que vous êtes un post-nationaliste amoureux de l'esprit universel et donc du Canada. Sinon, eh bien libre à vous, vous êtes dans un pays libre, mais il risque de vous arriver ce qui est arrivé à Pierre Falardeau pendant toute sa vie: diffamations, refus de subventions, passage à vide dans la pauvreté, kyrielles d'accusations impliquant le racisme, la vulgarité, la propagation de l'obscurantisme.
Pierre Falardeau fut un cas exemplaire, et on le sait dans les milieux culturels. Il vaut mieux ne pas trop en dire, ou s'empresser de proclamer qu'on est au-dessus de la politique. Sachant cela, l'Union des Écrivains a sagement fait savoir, il y a quelques années, que désormais la cause nationale québécoise serait soumise à la discrétion de ses membres et ne déborderait plus dans les enceintes publiques.
***
On est sagement dans un pays libre et on sourit publiquement. Il reste, cependant, que ce n'est pas encore assez. Les activistes de la cause fédérale se doutent bien que, dans l'ensemble, le coeur des écrivains québécois penche plutôt en faveur de la souveraineté du Québec. Parmi les autres activistes de la cause unitariste canadienne, Lysiane Gagnon a donc pondu un billet accusant ces ennemis potentiels du grand Canada. Elle y révélait que l'Union des Écrivains Québécois prônait la disparition de l'enseignement de la littérature française dans les écoles au profit exclusif de la littérature québécoise.
Le conseil éditorial de la Presse étant ultra fédéraliste, on n'y a pas coutume de scruter les sources d'un article comportant ce genre d'accusations. N'importe quel torchon accusant les ambassadeurs du repli sur soi y est louangé et publié. Le journal La Presse a donc publié sans piper mot ce nouvel opus de Lysiane Gagnon où elle y jouait (encore!) ce rôle du bel esprit barrant la route aux obscurantistes québécois au nom de son amour de la littérature universelle (et canadienne).
L'UNEQ décida de présenter le cas au Conseil de Presse. L'Union des Écrivains Québécois disait n'avoir jamais prôné une politique d'éradication de l'enseignement de la littérature française. On trouvait bien dans les énoncés de l'UNEQ des citations en faveur de la présence accrue du livre québécois dans les bibliothèques. Nulle part toutefois le Conseil de Presse ne dénicha quelque souhait que cette présence entraîne la disparition ou la diminution des titres significatifs de la littérature française et universelle.
Le Conseil de Presse blâma donc Lysiane Gagnon pour son manque de rigueur journalistique. Dans son rapport du 5 décembre, Stanley Péan nota que la nouvelle du blâme fut traitée par un parfait silence de la part du journal La Presse. Quand on accuse de servir le grand complot du repli sur soi, au journal La Presse, ce n'est pas suivi d'un erratum. Il est juste normal qu'une bonne page éditoriale soit pleine de chansons fédéralistes. Que les gens lésés aillent s'asseoir dans les choux.
André Savard


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 décembre 2009

    Enfin!!! :)
    C'est le temps que Lysiane Gagnon soit blâmée. Aveuglée par son idéologie fédéraliste, elle ne fait JAMAIS preuve de rigueur journalistique.
    J'ai hâte au jour où ses collègues André Pratte et Alain Dubuc seront aussi blâmés. Je préfère demeurer optimiste à ce sujet...

  • Élie Presseault Répondre

    9 décembre 2009

    Il est si commode de se camoufler derrière le torchon de La Presse. Justement, si ce torchon brûle... il faudra bien se rendre à l'évidence, jamais au grand jamais La Presse n'agira dans le sens de la Francophonie en atteignant de la sorte la littérature québécoise, d'expression francophone par définition.
    Élie Presseault, étudiant en Études littéraires UQAM et détenteur d'un baccalauréat en Communication et Politique UdeM

  • Archives de Vigile Répondre

    8 décembre 2009

    Mme Gagnon a rédigé des propos ridicules :
    « Toute oeuvre qui appartient à la littérature française a pour caractère essentiel d'être écrite en français.»
    Augustin Gazier
    Extrait de Petite histoire de la littérature française