Mme Marois a également réitéré que ses députés pourront voter sans égard à la consigne du parti sur le projet de loi 204.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir (Archives)
Saguenay—Même s’il y a des états généraux sur la souveraineté, Pauline Marois refuse de modifier la stratégie, définie au dernier congrès du Parti québécois, de la «gouvernance souverainiste». Puisque c’est au Parti québécois que cette «décision s’est prise» c’est «au Parti québécois qu’elle revient», a lancé la chef péquiste au terme de la réunion de deux jours de son caucus, en début d’après-midi aujourd’hui.
«Nous avons eu un congrès où presque à l’unanimité on a retenu la stratégie qui est maintenant au programme. Quant à moi on va mettre en oeuvre cette stratégie», a-t-elle soutenu, rappelant que quelque 5000 personnes en tout avaient participé à la définition du programme péquiste Agir en toute liberté.
La position de la chef péquiste a fait sursauter les autres organismes souverainistes membres du collectif Cap sur l’indépendance (CSI). «Si c’est comme ça, inutile de faire des états généraux», a déclaré au Devoir le président de CSI, Gilbert Paquette.
L’ex-ministre péquiste, dont le regroupement compte 22 organismes souverainistes, n’en démord pas : «Lors d’états généraux, tout doit être sur la table.» M. Paquette souligne qu’il y a de plus en plus de souverainistes à l’extérieur du PQ. Bref, ces gens-là n’étaient pas au congrès du PQ et doivent avoir leur mot à dire. Il conteste la logique de la chef péquiste, qui répète qu’il faut respecter le programme voté par les membres. En 2005, un programme a été dûment adopté. «Or, André Boisclair, quand il a pris la tête du PQ, l’a carrément ignoré et il a fait sa campagne de 2007 sur autre chose.»
La même phénomène est survenu en 2008, a soutenu M. Paquette. «On nous sert aujourd’hui l’argument inverse du respect absolu du programme.» «Au fond, ce que nous dit Pauline Marois, c’est "cause toujours"», a lancé pour sa part l’initiateur du Nouveau mouvement pour le Québec, Jocelyn Desjardins.
Par ailleurs, au terme de son caucus, Mme Marois a réitéré ce qu’elle avait déjà annoncé au début juin : elle permettra à ses députés de voter sans égard à la consigne du parti sur le projet de loi 204 sur l’amphithéâtre de Québec. Trois des quatre démissionnaires péquistes de juin (Louise Beaudoin, Pierre Curzi et Lisette Lapointe) avaient justifié leur geste en dénonçant le projet de loi et l’imposition de la discipline de parti en cette matière.
Si le projet de loi 204 était soumis aux voix tel quel, comme l’avait laissé entendre le premier ministre Jean Charest en juin, le caucus péquiste serait encore divisé. Plusieurs députés voteraient en faveur : Sylvain Gaudreault (Jonquière) et André Simard (Kamouraska-Témiscouata), Bertrand St-Arnaud (Chambly) ont notamment réitéré leur appui à la loi 204 ce matin.
D’autres risqueraient de voter contre : Bernard Drainville (Marie-Victorin), Alexandre Cloutier (Lac St-Jean), Denis Trottier (Roberval), Véronique Hivon (Joliette). Marie Malavoy (Taillon), qui a présidé la commission où s’est tenue la consultation sur le projet de loi 204 au mois de mai, a admis avoir eu des «réticences» à cet égard, mais elle a soutenu ne pas avoir encore pris position fermement. Stéphane Bergeron (Verchères) aussi a rappelé avoir émis des réticences à cet égard.
Votes libres
Depuis juin, la question des votes libres a été élargie à plusieurs autres votes à venir puisque le député Bernard Drainville l’a incluse dans sa liste de solutions à la crise de confiance politique que traversent à ses yeux et le PQ et les politiciens québécois.
La chef péquiste a annoncé cet après-midi qu’un comité dirigé par la présidente du caucus Monique Richard sera mis en place pour réfléchir à des manières de définir les balises du vote libre. D’ores et déjà, Mme Marois a fait savoir qu’en certaines circonstances, son caucus devrait faire bloc, notamment lors des votes sur le budget.
Plusieurs députés ont accueilli favorablement cette décision. «C’est un très bon début», a lancé Bernard Drainville en fuyant les journalistes.
«Le PQ, avec son ouverture au vote libre, propose une petite révolution dans notre système politique!», s’est enthousiasmé le député Etienne-Alexis Boucher (Johnson) sur Twitter. Marie Malavoy (Taillon) s’est pour sa part réjouie de l’effet que de tels votes libres auraient sur le travail des députés. À ses yeux, leur «responsabilité» à l’égard de chacun de leur vote sera plus grande.
Présence du RRQ
La chef péquiste a également confirmé qu’elle avait envoyé la veille deux émissaires —le député de Drummond Yves-François Blanchet et le président du PQ Raymond Archambault— à Montréal pour qu’ils rencontrent les autres membres de Cap sur l’indépendance en réunion stratégique afin de discuter de la préparation d’éventuels états généraux. Un membre du Réseau de résistance du Québécois (RRQ) était présent à la réunion mais aucun du NMQ.
Le fait que des représentants du Parti québécois se retrouvent à une même table avec le RRQ a été immédiatement dénoncé — notamment sur Twitter — par plusieurs adversaires du PQ, dont Sébastien Lépine, l’attaché de presse du chef de l’Action démocratique Gérard Deltell. Mme Marois a soutenu que ce n’est pas le PQ qui «faisait les invitations» ni pour cette réunion ni lors d’éventuels états généraux. Le RRQ était présent, a-t-elle confirmé, avant d’ajouter : «On n’a pas changé d’avis quant à nos orientations à cet égard, mais on ne va pas s’empêcher de donner notre point de vue à un organisme qui réfléchit à la question de l’avenir du Québec.»
En 2009, la chef péquiste incitait ses députés à ne plus placer de publicité dans le journal Le Québécois dont le rédacteur en chef est le dirigeant du RRQ, Patrick Bourgeois. Le lendemain de la première réunion du NMQ à laquelle plusieurs membres du RRQ ont participé, le député péquiste Sylvain Gaudreault avait déploré que «beaucoup d'extrémistes» y avaient assisté.
Autres démissions
Quant au président de l’association péquiste de Mercier Philippe Leclerc, il s’est cependant dit très déçu des résultats du caucus. M. Leclerc avait confié au Devoir samedi que si le caucus venait à rejeter entièrement le rapport Drainville, quatre présidents de Montréal-Centre et lui pourraient quitter la formation politique.
Certes, une des 10 solutions de M. Drainville, la notion de vote libre, a été à toute fin pratique adoptée jeudi, mais les autres ont été peu abordées, voire ignorées, notamment l’adoption du mode de scrutin proportionnel.
«Nos attentes ne sont pas satisfaites. […] La direction du PQ croit encore à l’alternance naturelle qui leur donnera le pouvoir un jour ou l’autre», a-t-il déploré. M. Leclerc soutient qu’il restera «pour l’instant» au PQ, mais qu’il exprimera sa déception lors de réunions prochaines des présidents et présidentes du PQ. Soutenant qu’il gardait malgré tout «l’esprit ouvert», il conclut en lançant que si rien d’autre ne se produit, «le supplice de la goutte ne durera pas longtemps».
Quant à Pauline Marois, elle doit participer ce soir à une assemblée «citoyenne» à La Baie.
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