Universités : évitons la médiocrité et la confusion

Université - démocratisation, gouvernance et financement



Le Canada possède le plus haut pourcentage de jeunes adultes scolarisés au monde, et cette proportion ne cesse d'augmenter. Sa remarquable capacité à accroître le taux de participation des jeunes aux études supérieures est de très bon augure pour sa compétitivité à l'échelle internationale, alors que l'économie du savoir occupe de plus en plus l'avant-scène et risque de faire passer au second plan les forces traditionnelles du pays dans le domaine de l'industrie manufacturière et certains secteurs de l'économie primaire.
Cette situation contraste avec les tendances en enseignement postsecondaire aux États-Unis. Un récent rapport du National Center for Public Policy and Higher Education brosse un portrait sombre. En effet, le pourcentage de jeunes fortement scolarisés apparaît aujourd'hui plus faible que celui de leurs aînés, faisant ainsi planer le spectre d'une main-d'oeuvre américaine qui perd du terrain par rapport aux autres pays hautement industrialisés. Les frais de scolarité des collèges ont augmenté beaucoup plus vite que les prix en général, et les études collégiales sont sur le point de devenir inabordables, sauf pour une minorité bien nantie.
Qu'en est-il du Québec? Principalement en raison des droits de scolarité artificiellement bas, les études universitaires y constituent une véritable aubaine. Bien qu'elles soient encore reconnues pour leur qualité, elles risquent aujourd'hui de se transformer en «braderie du savoir».
Le sous-financement chronique des universités québécoises cause des dégradations cumulatives dangereuses. Malgré les efforts déployés pour améliorer leur infrastructure, les ressources documentaires et les services aux étudiants, nos universités demeurent, pour la plupart, les parents pauvres des établissements d'enseignement supérieur canadiens. Elles éprouvent déjà beaucoup de difficulté à attirer des professeurs compétents en raison de la faiblesse des salaires, et le problème s'accentue chaque jour.
En quoi cet enjeu intéresse-t-il les Québécois et Québécoises? Nos universités ont tout le potentiel voulu pour jouer un rôle de leaders mondiaux en matière d'enseignement et de recherche. En Amérique du Nord, Montréal rivalise maintenant avec Boston du point de vue de la proportion de professeurs et d'étudiants postsecondaires qu'elles accueillent. Nous faisons l'envie du monde entier pour ce qui est de l'accessibilité aux études et des perspectives que nous offrons. Nous attirons également dans nos principales universités de brillants étudiants des quatre coins de la planète, comme Liliane Chamas, étudiante à l'Université Concordia et récipiendaire d'une bourse Rhodes.
À l'heure où les gouvernements fédéral et provincial s'apprêtent à affronter d'énormes défis économiques, nous avons une occasion unique de réinvestir dans l'éducation et de reconnaître que les activités d'enseignement et de recherche menées dans les universités québécoises participent à court et à long termes à la croissance de l'économie canadienne. Nous devons trouver pour nos universités des solutions de financement qui les placeront sur un pied d'égalité avec celles du reste du Canada et leur permettront de contribuer pleinement au développement mondial. Cette responsabilité, nous l'avons non seulement envers nous-mêmes, mais aussi envers nos enfants et nos petits-enfants.
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David Graham, Vice-recteur exécutif aux affaires académiques, université Concordia


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