Pour ce qui est de la révolution culturelle, on repassera. Le budget présenté cet après-midi est le plus inique à être soumis aux Québécois de mémoire d’homme. C’est bien simple, plus régressif que ça, tu meurs ! Nulle part dans ce budget ne se manifeste le moindre souci pour la capacité de payer des citoyens. M. Bachand fonctionne à la tronçonneuse et transforme le Québec en coupe-gorge.
Le Québec n’est pourtant pas seul dans cette galère, et il est frappant de constater combien sa réaction contraste avec celle d’autres provinces, États américains ou pays. Au cas où M. Bachand ne le saurait pas, nous ne sommes pas encore sortis de la crise. Et ce n’est pas la petite embellie qu’on a cru déceler au cours des derniers mois qui nous assure d’une reprise solide et durable.
Tout au contraire, on observe tout autour de nous des hésitations dans la reprise de l’emploi et de la consommation, quand ce n’est pas tout simplement une détérioration. Avec son budget, M. Bachand vient casser les reins de la reprise et se trouve à réduire à néant les effets des efforts précédemment consentis.
Comment M. Bachand peut-il un seul instant s’imaginer que l’économie québécoise va pouvoir évoluer à un rythme différent de celle des États-Unis ? Je veux bien croire que notre degré d’intégration à l’économie américaine n’est pas aussi grand qu’en Ontario, mais nous vivons tout de même sur la même planète et dans la même orbite. Si les Américains sentent le besoin de mettre en oeuvre toutes sortes de stimuli pour repartir leur économie, on voit mal comment le Québec pourrait faire bande à part en assommant sa population et en espérant qu’une éventuelle reprise américaine aura des effets d’entraînement sur l’économie québécoise.
Le Président de la Fed américaine, Ben Bernanke, est un spécialiste des effets de la grande crise de la fin des années 1920 et du début des années 1930. Depuis plus d’un an, il répète à qui veut l’entendre et sur toutes les tribunes que la pire chose que les autorités pourraient faire, c’est de resserrer trop tôt les cordons de la bourse. Et voilà notre Bachand « provincial » en train de se précipiter tête baissée dans le piège. Est-ce donc tout ce qu’on lui a enseigné à Harvard ?
Je ne dis pas pour autant qu’il ne fallait rien faire. Mais il fallait procéder chirurgicalement, et tenir compte de la capacité de payer des Québécois de toutes les catégories. À quoi sert d’avoir des garderies à 7 $ si on ponctionne les familles pour en augmenter le coût moyen à 20 $ quand on tient compte de tous les nouveaux coûts qu’auront à supporter les familles qui ont des enfants. Manifestement, les « lumières » des « lucides » ont aveuglé M. Bachand, à moins que ce ne soient les « spots » de la télé.
Vivement le retour sur terre. Si jamais les Québécois ont senti le besoin de descendre dans la rue, c’est maintenant qu’il faut le faire.