Québec — L'ancien ministre péquiste Jacques Brassard refuse de s'excuser auprès d'Yves Michaud pour la motion dont ce dernier a fait l'objet il y aura 10 ans mardi. «C'est la ronde des excuses. Je ne participerai pas à cette danse [...] Je suis à peu près persuadé que M. [Lucien] Bouchard s'en tient à ça aussi», a fait savoir hier au Devoir celui qui était leader parlementaire du gouvernement à l'époque.
Le 14 décembre 2000, était adoptée au salon bleu la motion dénonçant «les propos inacceptables à l'égard [...] de la communauté juive tenus par Yves Michaud à l'occasion des audiences des États généraux sur le français à Montréal». Par la suite, M. Michaud a combattu en vain cette dénonciation devant les tribunaux, soutenant entre autres qu'il n'avait jamais tenu de propos inacceptables. Historien de l'Assemblée nationale à la retraite, Gaston Deschesnes a publié cet automne L'Affaire Michaud - Chronique d'une exécution parlementaire (Septentrion).
À l'approche du 10e anniversaire, plusieurs députés et ex-élus péquistes ont offert leurs excuses à M. Michaud. Le député de Québec solidaire Amir Khadir a tenté en vain, le 3 décembre, de faire adopter une motion par laquelle l'Assemblée aurait reconnu son «erreur». Alors que le PLQ avait accepté de l'adopter, le PQ a refusé son contentement pour en débattre. Pauline Marois, la veille, dans une lettre au président de l'Assemblée nationale, a réclamé une modification au règlement pour que dans une telle situation, l'Assemblée entende la personne accusée. M. Michaud a trouvé cette absence d'excuses insultante et a demandé que les militants de son parti remettent en question le leadership de Mme Marois...avant de s'excuser à son tour.
Pour Jacques Brassard, nul besoin de chambarder les règles: «Pourquoi l'Assemblée restreindrait sa liberté d'exprimer une opinion?» Il soutient que la motion de 2000 «ne portait pas sur la personne elle-même, mais sur les propos qu'il avait prononcés». Selon lui, en 2000, l'Assemblée ne s'est pas comportée comme un tribunal: «On ne condamnait pas la personne. On ne lui imposait pas de sanction.» M. Brassard soutient n'avoir jamais qualifié les propos d'Yves Michaud d'«antisémites»: «Ça peut être inacceptable à l'égard de la communauté juive sans que ce soit nommément antisémite.»
Des membres du caucus péquiste refusent aussi de s'excuser. Interrogée mardi, la députée de Matapédia Danielle Doyer a nié avoir fait un «vote folichon» en 2000. «J'ai voté en mon âme et conscience sur des informations qu'on m'a données.» Elle estime que M. Michaud devrait arrêter d'«insulter les élus» du PQ. Selon des sources, le député Sylvain Simard estime toujours que M. Michaud a tenu à l'époque des propos «abjects».
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