Le président de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Michael Sabia, a nettement manqué au code d’éthique de la Caisse en acceptant l’invitation de M. André Desmarais de séjourner trois jours avec les siens au domaine de la famille dans Charlevoix. Quoi qu’en dise le relationniste de la CDPQ.
La désinvolture avec laquelle les ministres du gouvernement Charest ont traité cet écart de conduite en dit long sur l’élasticité de leurs propres normes de moralité politique.
Personne ne demande à M. Sabia de vivre cloîtré. Il a le droit de maintenir une vie sociale et il est normal qu’il fréquente des gens du monde des affaires. C’est son aquarium professionnel. Une certaine réserve est néanmoins de mise.
Il y a en effet toute une différence entre accepter une invitation à dîner chez un président d'entreprise et, dans ce cas-ci, coucher à la maison de son hôte, avec toute la famille en surplus. C'est un niveau d'intimité beaucoup trop grand.
Des entorses
En séjournant trois jours au domaine de Sagard, M. Sabia a d’abord accepté un cadeau dont la valeur excède largement les normes admissibles pour un employé de l’État.
Il s’est aussi placé dans la situation d’être exposé à une influence indue dans l’exécution de ses rôles et responsabilités. Il n’a pas non plus maintenu le haut standard d’indépendance et d’impartialité exigé dans le code d’éthique.
Les règles sur l’acceptation des cadeaux, invitations à une activité de divertissement, dons, services ou avantages sont clairement inscrites aux pages 12 et 13 du code d’éthique de la CDPQ. M. Sabia a transgressé les principes et les règles et il s’est placé en apparence de conflit d’intérêts aux yeux du public, ce que proscrit également le même code.
Visite secrète
Le plus grand secret entoure par ailleurs le passage des visiteurs au vaste domaine des Desmarais.
Le séjour de la famille Sabia à Sagard, les 12, 13 et 14 août, il y a plus de cinq mois, est aussi demeuré caché jusqu’à ce qu’il soit révélé par le Journal, vendredi. Le président de la CDPQ n’en aurait évidemment jamais parlé, pas plus que les personnalités publiques qui ont accepté une invitation sur le yacht de l’entrepreneur Tony Accurso ne s’en étaient vantées. Dans les deux cas, les invités savaient trop bien qu’ils se plaçaient dans une position inadmissible sur le plan de l’éthique.
Maintenant qu’il a été pris la main dans le sac, M. Sabia devrait convenir avec M. André Desmarais de rendre publique la liste des autres invités avec qui il a partagé cette longue fin de semaine. Les Québécois sauraient ainsi par qui d’autre que la famille Desmarais M. Sabia est susceptible d’avoir été influencé. Les conversations autour de la table n’ont certainement pas porté sur la météo.
À défaut de se plier à ce petit exercice de transparence, le président de la CDPQ devrait être convoqué devant une commission parlementaire pour répondre aux questions des députés sur ce sujet.
Les invitations de ce type ne sont jamais complètement désintéressées. M. Sabia s’est exposé à être influencé, mais il détient aussi une tonne d’informations privilégiées qui peuvent intéresser ses hôtes. Il est difficile de ne pas répondre aux questions qui nous sont posées au dessert lorsque l’on est un invité.
Si M. Sabia n’avait pas présenté un intérêt pour M. Desmarais en raison de la fonction qu’il occupe, il n’aurait pas été invité au château de ce dernier.
L'éthique élastique
Le plus grand secret entoure par ailleurs le passage des visiteurs au vaste domaine des Desmarais.
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