Labeaume demande un chèque en blanc

L'affaire Desmarais



Le maire de Québec, Régis Labeaume.
PHOTO: YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL


Le maire de Québec, Régis Labeaume, demande aux députés de l'Assemblée nationale une loi d'intérêt privé qui le mettrait à l'abri de toutes poursuites dans le cadre de l'entente intervenue entre la Ville et l'empire Quebecor. Cette demande est une insulte envers tous les élus municipaux et témoigne d'un certain mépris à l'endroit du ministre Laurent Lessard et de l'Assemblée nationale.
Depuis l'an dernier, le ministre Lessard a redoublé d'effort pour imposer au monde municipal des éléments de vertu à la pratique de la politique. Ainsi, chaque conseil municipal devait se doter d'une politique de gestion contractuelle stricte devant mettre fin aux abus dont nous sommes encore témoins dans l'actualité quasi quotidienne. Puis, d'ici la fin de cette année, le monde municipal devra se doter de codes de déontologie et de règles d'éthique portant sur la gouvernance et les conflits d'intérêts.
M. Labeaume s'inscrit à l'inverse de cette tendance. Dans sa magnificence, le maire veut l'amnistie générale avant même d'avoir rendu public son plan de match. Il veut tuer dans l'oeuf toute remise en question légitime de son projet gargantuesque de Colisée et d'équipe de la Ligne nationale de hockey.
Pourtant, il n'est pas du rôle d'une municipalité - peu importe l'ego de son maire - de s'aventurer dans les plates-bandes de la LNH ou de Quebecor. Le mandat premier d'un conseil municipal, c'est de maintenir les infrastructures, d'offrir des services de proximité et d'assurer un milieu de vie à ses citoyens. Là s'arrête le mandat.
Mais ce qui choque encore plus, c'est un élu qui demande à d'autres élus un chèque en blanc avec l'argent des contribuables. Plus intéressé à frayer avec le jet-set, M. Labeaume oublie qu'il existe grâce à cette délégation de pouvoirs donnée par les contribuables de la Ville de Québec.
En juin 2008, l'Assemblée nationale votait à l'unanimité la loi 217 concernant la Ville de Huntingdon. Dans cette loi, le conseil municipal et le maire recevaient une amnistie générale pour toutes les actions posées entre le moment de la fermeture des usines de textile en 2004 jusqu'à l'adoption de la loi. À Huntingdon, nous avions posé des gestes illégaux dans l'unique but de sauver une ville mono-industrielle et de redonner la dignité du travail aux citoyens frappés de plein fouet par la mondialisation. La raison d'État exigeait une telle amnistie puisque l'illégalité avait pu donner naissance à un nouveau modèle municipal basé sur la raison d'État. Cette raison qui pousse l'élu à agir dans l'intérêt supérieur de ses citoyens.
Rien à voir avec le maire de Québec et ses idées de grandeur. M. Labeaume n'a pas besoin d'adversaire à son projet de Colisée. Il est son pire ennemi et l'artisan de son propre échec.
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Stéphane Gendron
L'auteur est maire de Huntingdon et a bénéficié d'une clause d'amnistie votée par l'Assemblée nationale en 2008.


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