On devrait causer éducation, nature de la hausse des droits de scolarité, scénarios de sortie de crise étudiante, celle-là même qui nous tient en haleine depuis seize semaines, et de quoi s’émeut-on en lieu et place ? Du Grand Prix de Montréal !
N’en déplaise aux amateurs de Formule 1, et malgré le « moteur » économique que cet événement fait vrombir, il est navrant de constater le catastrophisme de certains autour d’une journée festive annulée pour d’hypothétiques turbulences, en opposition avec l’incapacité à susciter le même émoi autour d’une hausse des droits de scolarité de 75 % en cinq ans. Mon Grand Prix, pas touche ! La hausse des droits ? Bof.
La déclaration on ne peut plus maladroite d’un négociateur de la CLASSE - « On va vous l’organiser votre Grand Prix ! » -, prononcée dans un moment d’impasse et de grande tension, n’est désormais plus que le seul sujet de discussion. Quel air tristounet de déjà-vu : chaque fois que les négociations ont piétiné entre le gouvernement et les étudiants, ce fut la voie d’évitement royale. Parler violence, laisser planer une menace, si conditionnelle soit-elle. La stratégie a un air de vilain.
On peut comprendre que, dans le doute, les organisateurs du Grand Prix aient annulé la portion « portes ouvertes » de l’événement, associée à un moins grand contrôle. Subsiste un doute, en effet, et ce, même si la CLASSE tente de se faire rassurante : son porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois a répété sur tous les tons que la coalition ne voulait aucunement bloquer l’accès au Grand Prix, mais bien se servir de l’événement pour être visible et informer. En vérité, elle n’a aucun contrôle sur d’autres groupes qui voudraient profiter d’un vent ambiant de ras-le-bol pour entrer dans la danse, et avec fracas.
Mais, de grâce, que l’on ne vienne pas exciter ces agités, toujours minoritaires et non représentatifs, rappelons-le (manifestations nocturnes et défilés de casseroles se passent désormais sans le moindre incident) ! C’est précisément ce à quoi s’emploie Gilbert Rozon ces jours derniers, avec une suffisance qui coupe le souffle - monsieur veut offrir aux étudiants le cours Impacts économiques 101 sur saison touristique montréalaise ? En lieu et place du gouvernement, il rêve de négocier les termes d’un été assagi ? Pincez-nous, on rêve ! Le silence est d’or, ont plutôt compris les organisateurs des Francofolies et du Jazz, qui n’appellent pas à la turbulence en brandissant leurs baguettes !
Si ces débats périphériques occupent autant d’espace, c’est bien sûr parce que l’essentiel, la véritable course en jeu, reste à la dérive. Le seul et unique sujet de discussion doit reprendre le dessus. Où ? Autour d’une table de négociations.
Conflit étudiant
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